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Journée de tension aux Gonaives

P-au-P., 27 dec. 03 [AlterPresse] --- Le calme est revenu en fin de soirée aux Gonaives (Centre-ouest) où la journée a été très tendue, alors qu’une opération policière était conduite dans le quartier populaire de Raboteau, bastion du Front de Résistance pour la démission du président Jean Bertrand Aristide.

La police a entrepris une opération d’isolement de ce quartier sensible en commencant par l’encercler à l’aide de containers, a constaté un journaliste local interrogé par AlterPresse.

De fortes détonations d’armes à feu ont été entendues au moment de l’opération et la panique régnait. Des correspondants locaux ont rapporté que la police a utilisé des dispositifs terrestres, maritimes et aériens.

Il n’a pas été possible pour le confrère interrogé d’observer l’état de la situation à Raboteau et de constater s’il y avait ou non des victimes.

L’opération policière à Raboteau s’est déroulée dans une atmosphère de psychose au niveau de la ville entière, a affirmé la source d’AlterPresse.

De persistantes rumeurs circulent aux Gonaives à propos d’un massacre qui aurait été perpétré à Morne Blanc, au nord de la ville. Mais, ces rumeurs n’ont pu être vérifiées pour le moment par des journalistes locaux.

Il n’y a pas non plus d’information précise sur les cas de morts par balles qui seraient enregistrés dans la nuit du 24 au 25 décembre.

Le 24 décembre, des soldats sud-africains ont débarqué aux Gonaives, dans le cadre de leur mission pour préparer la venue du président sud-africain Thabo Mbeky, qui doit assister aux cérémonies officielles du bicentenaire d’Haïti.

La présence de ces soldats sur le sol haïtien est critiquée autant en Haïti qu’à l’étranger.
L’Association des Entrepreneurs de l’Artibonite (AEA) a condamné le 26 décembre la confiscation de nombreuses motocyclettes par des soldats sud-africains.

Le 25 décembre, le Centre œcuménique des Droits Humains a fait part d’un sentiment de « tristesse mêlée de colère », face à ce « support » du « pays de Nelson Mandela » à « ce qui reste de gouvernement » en Haïti.

Des Haïtiens de Paris ont annoncé une manifestation devant l’ambassade d’Afrique du Sud dans la capitale française, pour porter l’administration de Thabo Mbeki à changer d’avis.

Ce 26 décembre, l’ambassadeur cubain en Haïti, Rolando Gomez Gonzalez, a démenti à Port-au-Prince toute présence militaire cubaine dans le pays, à l’occasion de la célébration du bicentenaire d’Haïti. Le diplomate cubain a déclaré qu’il n’y a « pas un seul militaire cubain en Haïti ».

La presse dominicaine avait fait état de présence de soldats cubains en Haïti pour assurer la sécurité d’une délégation qui devrait être conduite par le président cubain Fidel Castro, aux cérémonies officielles du bicentenaire.

Rolando Gomez Gonzalez a confirmé la participation d’une délégation cubaine aux cérémonies officielles commémoratives du bicentenaire d’Haïti. Mais, a-t-il affirmé, cette délégation n’a pas encore été constituée et son chef n’a pas été désigné.

S’il y avait un doute sur la tenue de cérémonies officielles aux Gonaives, en raison de la situation explosive qui y règne depuis septembre, l’administration Aristide parait désormais plus assuré de compter sur Gonaives (où l’indépendance d’Haïti a été proclamée le premier janvier 1804).

Le président Jean Bertrand Aristide a réaffirmé cette semaine qu’il se rendra aux Gonaives, à la grande joie de ses partisans. Les travaux de préparation, sérieusement perturbés, ont repris sous surveillance policière stricte, a appris AlterPresse.

A Port-au-Prince, cependant, les étudiants ont redoublé d’ardeur dans leur lutte contre le pouvoir et ont convié tous les secteurs de la nation à une marche sur le palais national le premier janvier 2004, pour rendre hommage aux héros de l’indépendance. Ce mouvement sera précédé d’une veillée patriotique, ont annoncé les jeunes de la Faculté des Sciences Humaines, haut lieu de la résistance au pouvoir lavalas. [gp apr 27/12/2003 22:50]