P-au-P., 13 sept. 2010 [AlterPresse] --- Une délégation du Club de Madrid, dirigée par l’ancien premier ministre socialiste français Lionel Jospin entame ce 13 septembre ses activités dans le cadre d’une mission en Haïti visant à poursuivre les efforts de l’organisation pour appuyer le rétablissement institutionnel dans le pays, engagé dans un processus électoral controversé.
L’initiative fait partie d’un projet intitulé « Global leadership pour la reconstruction d’Haïti », mis en œuvre par le Club de Madrid et financé par la Commission européenne, selon un communiqué parvenu à AlterPresse.
La délégation souhaite également aider les responsables et les structures institutionnelles d’Haiti à renforcer leur rôle dans la reconstruction du pays, sévèrement frappé par le séisme du 12 janvier, dont l’impact demeure visible huit mois après la tragédie.
En outre, le Club de Madrid veut contribuer au processus de réforme institutionnelle, interrompue par le tremblement de terre dévastateur, ajoute la même source.
Lors de la mission, la délégation du Club de Madrid doit rencontrer le président René Préval, le premier ministre Jean Max Bellerive ainsi que les membres du Conseil électoral provisoire (Cep) et certains candidats à la présidence.
Une partie de l’opposition continue de rejeter les prochaines élections en raison, selon ces secteurs, d’une éventuelle subordination de l’organisme électoral au pouvoir exécutif et de difficultés techniques impossibles à résoudre avant le 28 novembre, date des élections.
De même « il est difficile de trouver une solution » au problème politique qui persiste en Haiti à deux mois des compétitions qui doivent aboutir à l’élection d’ un nouveau président et le renouvèlement du Parlement, estime Edgar Leblanc, dirigeant de l’Alternative Démocratique pour le Progrès et la Démocratie (Alternative).
L’Alternative, composée de partis proches de l’Internationale socialiste, n’était pas informée officiellement de la venue de la délégation du Club de Madrid et n’a pas été invitée à la rencontrer, indique Leblanc à AlterPresse.
Toutefois, « en tant qu’acteurs politiques ouverts, c’est avec plaisir et intérêt que nous rencontrerions les membres de la délégation », ajoute-t-il.
A propos de la crédibilité du processus électoral, Edgar Leblanc met en avant l’importance du registre électoral en tant qu’outil de référence incontournable.
Or, le dirigeant de l’Alternative croit qu’il sera impossible d’« épurer » ce document avant le 28 novembre.
Les noms d’une partie des 300 000 morts du séisme se trouvent sur le registre électoral et des ajustements doivent être opérés au niveau des listes électorales afin de prendre en compte les personnes en âge de voter qui se trouvent parmi les 1.3 millions de personnes déplacées.
La délégation du Club de Madrid abordera probablement ces problèmes avec Colin Granderson, chef de la mission conjointe d’observation électorale de l’Organisation des États Américains (OEA) et de la Communauté de la Caraïbe (CARICOM), qui figure parmi les personnalités que doit rencontrer la délégation.
En outre, dans l’agenda de la délégation, figurent aussi des entretiens avec Edmond Mulet, chef de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) et le représentant du secrétaire général de l’OEA, Ricardo Seitenfus.
La délégation compte susciter une réflexion sur le processus électoral et les possibilités d’assurer que les élections soient libres et honnêtes.
Le CEP a annoncé le week-end écoulé le lancement cette semaine des opérations en vue de choisir par tirage au sort 30 000 membres des bureaux de vote.
L’institution électorale a aussi fait savoir que les modèles de bulletins sont déjà prêts, alors que la campagne de sensibilisation des électeurs se poursuit.
Toutefois, selon Edgar Leblanc, tout ce que souhaite la communauté internationale ce sont « des élections dans n’importe quelles conditions » et il ne voit pas comment la mission du Club de Madrid contribuerait à changer cette perspective. [gp apr 13/09/2010 13 :00]