P-au-P, 13 Sept. 2010 [AlterPresse] ---Malgré les ravages causés par le séisme du 12 janvier 2010, Haïti n’a pas connu une deuxième vague de désastres épidémiques ou de troubles sociaux, a déclaré, ce lundi 13 septembre 2010, le représentant spécial du secrétaire général de l’organisation des Nations Unies (Onu) pour Haïti, Edmond Mulet, devant le Conseil de sécurité, avant d’estimer que ce « succès relatif » restait « précaire ».
Mulet a énuméré plusieurs défis auxquels l’État haïtien se trouve confronté à court et long termes : l’organisation des élections, le maintien de l’ordre dans les camps, la reconstruction liée à la question de la gestion des débris et la relocalisation des personnes déplacées qui dépend largement de la disponibilité d’abris transitoires et permanents.
« Pour relever ces défis, Haïti devra compter sur le leadership décisif de son gouvernement et sur l’appui continu de la communauté internationale », souligne le chef de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
« Des élections, dont les résultats seront acceptés par tous les Haïtiens, représentent une étape importante dans cette direction », ajoute-t-il.
Pour le responsable onusien, les élections du 28 novembre 2010 revêtent « une importance capitale, car elles mèneront à l’élection de ceux qui guideront l’État lors de la reconstruction pendant les cinq années à venir ».
« Il est donc primordial que celles-ci soient crédibles et légitimes, afin de mener à la formation d’un gouvernement et d’une assemblée nationale disposant de mandats clairs et incontestés », relève-t-il, ajoutant qu’il est également primordial d’encourager « la plus grande participation possible de la population ».
Par ailleurs, il insiste sur la coordination de l’assistance électorale internationale, par la Minustah, en collaboration avec l’organisation des États américains (Oea), le programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et d’autres partenaires, ainsi que sur l’appui logistique et de sécurité fourni, afin d’assurer de bonnes élections.
S’agissant de la situation sécuritaire, le représentant spécial souligne qu’elle demeure généralement calme, bien que fragile.
« La faiblesse des institutions, conjuguée à la présence des camps de déplacés, à la résurgence des activités de gangs et à l’instabilité qui caractérise les périodes électorales en Haïti, contribue à créer un environnement sécuritaire volatile », explique Edmond Mulet, se disant, en particulier, préoccupé par la situation dans les camps, où les groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants, sont susceptibles d’être victimes de violences sexuelles.
L’État haïtien estime à 1,3 million la population actuelle de personnes déplacées.
Leur retour dans leurs quartiers d’origine demeure lent et la reconstruction est freinée par la présence de débris et l’absence de cadastre.
Depuis le 12 janvier, les besoins humanitaires immédiats des personnes déplacées ont été largement comblés, estime Edmond Mulet en concluant sa présentation, devant le conseil de sécurité de l’Onu, sur la situation actuelle en Haïti, 8 mois après le séisme.
En plus des distributions de biens humanitaires essentiels, plus de 150,000 personnes ont été employées dans le cadre de projets « argent et nourriture contre travail », se félicite-t-il.
Il a également mis l’accent sur les efforts de la communauté humanitaire qui a commencé à construire des abris transitoires solides.
L’Onu et ses partenaires prévoient d’en construire 139,000 d’ici à la mi-2011, a-t-il annoncé.
Le représentant spécial du sud-coréen Ban Ki-moon a, en outre, invité les bailleurs de fonds à débourser rapidement les financements promis pour les projets de reconstruction.
« A l’heure actuelle, si l’on exclut les allègements de dette, 506 millions de dollars [US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 55.00 gourdes aujourd’hui], soit 18,9% de promesses pour 2010, ont été déboursés », regrette-t-il. [rl gp apr 13/09/2010 13:00]