P-au-P., 25 dec. 03 [AlterPresse] --- Haïti n’a jamais connu de noà« l aussi terne, durant les dernières années. Rues partiellement vides, circulation d’automobiles très réduite, plus que jamais, la capitale haïtienne offrait ce 25 décembre l’image d’une ville qui
a eu du mal à se réveiller.
Pourtant, les magasins sont restés ouverts la veille moins tard que lors des précédentes périodes de fêtes de noà« l. Les réveillons se faisaient rares et, outre des programmes de certains Night Clubs, la plupart des espaces d’affichage est restée vide. La majorité des habitants de Port-au-Prince est restée à la maison ou est allée se promener un peu sur la principale place publique, près du palais national.
Dans la cour du palais, un arbre de Noà« l scintillait et, à Musseau (périphérie est), il y avait des décorations appropriées dans la cour de la primature. Quelques grands commerces ont fait de même.
Mais, en général, quand on parcourt la ville, on se rend compte que l’esprit n’est pas à la fête. Même sur les grandes artères on ne voit que de loin en loin quelques ornements et la peinture des devantures n’a pas été renouvelée.
La ville est plutôt salle, avec des piles d’immondices par-ci par-là . Les quartiers populaires ressemblent à des espaces abandonnées. L’insalubrité est choquante.
Même à Pétion-Ville, qui avait, dans le temps, une réputation de « ville propre », les riverains estiment que les ordures ménagères et autres ont remplacé les décorations de noà« l. Elles ont remplacé également les clients devant les étalages.
Au marché public de Pétion-Ville, les poupées sont restées dans les éventaires. Une vendeuse en a conclu que « la vie fout le camp ». Une autre, ambulante, a simplement assimilé son activité cette année à une promenade. « Nous flânons ».
Même si, dans cette pâtisserie de Pétion-Ville, les derniers clients (classes moyennes) tiennent à honorer la tradition et à emporter une « Buche de Noel », un « Coeur Fidèle », un gâteau au chocolat où un simple dessert aux fruits, la dégradation économique est partout visible. Ne serait-ce que par le nombre de mendiants qui attendent devant la porte, certaines femmes avec un enfant sur chaque bras.
Au plan politique, durant les derniers jours Port-au-Prince et d’autres villes ont connu d’importants mouvements antigouvernementaux. Seulement à Port-au-Prince, il y a eu 2 manifestations importantes et un grand concert dans le cadre d’une mobilisation de secteurs politiques et civiques pour exiger la démission du président Jean-Bertrand Aristide.
Les mouvements de cette semaine ont laissé un lourd bilan d’au moins 10 morts aux Gonaives (Centre- Ouest) et Port-au-Prince.
Ce 25 décembre, s’adressant à ses partisans lors de l’inauguration d’une place publique dans un quartier populaire du sud de Port-au-Prince, le président Aristide a laissé croire qu’il n’accordait aucune importance a ces mouvements qui, selon lui, ne mobilisent qu’une « minorité ».
La persistance du président à répéter ce mot fait dire aux milliers de manifestants qui gagnent les rues à la capitale que le chef de l’Etat « ne sait pas compter ». [gp apr 25/12/2003 18:50]