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Un bateau de guerre sud-africain dans la rade de Port-au-Prince : " Tristesse mêlée de colère "

Prise de position du CEDH

25 décembre 2003

La grande nouveauté, dans le paysage urbain en ce décembre 2003, est la présence , dans la rade de Port-au-Prince, d’un navire de guerre, le Drakensberg, portant pavillon de l’Afrique du Sud, le pays de Nelson Mandela. .

Ce bateau avec un équipage de 124 personnes, est venu, selon les termes d’un communiqué embarrassé du gouvernement, apporter « une contribution symbolique (sic) » de l’Afrique du Sud à la célébration du deuxième centenaire de l’Indépendance de la République d’Haiti.

Selon ce qu’en disent les journaux de Pretoria, il y aurait une contribution financière de l’ordre de 1 million de dollars (10 millions de rands). Ces journaux parlent aussi de la présence sur le bateau d’une vingtaine de spécialistes en contre-terrorisme, spécialement en explosifs. Ils auraient pour tache d’aider le gouvernement haïtien à garantir la sécurité des chefs d’Etat qui, parait-il, viendraient assister aux grandioses fêtes programmées par le gouvernement. .

Par ailleurs, Léo Reyes, du journal « El Nacional » révèle que faute d’obtenir un stock de gaz lacrymogène de l’armée dominicaine, le gouvernement haïtien se serait adressé à l’Afrique du Sud. Peut-on supposer que dans ce geste « symbolique » de l’Afrique du Sud, il y aurait des explosifs et des armes ? Personne n’a encore osé poser publiquememt cette question. Or, à la date du vendredi 26 décembre, on fait état de l’utilisation à Gonaives d’hélicoptères dans des opérations pour intimider et harceler la population. D’où viennent ces hélicoptères ?

Le CEDH partage ce que ressent l’ensemble du peuple haïtien, une tristesse mêlée de colère, d’apprendre que la sécurité des grands de ce monde qui viendraient donner leur support à ce qui reste du gouvernement haïtien, le 1er Janvier 2004, pour célébrer nos deux cent ans d’Indépendance, serait assurée par plusieurs centaines de « spécialistes en sécurité », venus d’ailleurs, en l’occurrence du pays de Nelson Mandela.

Mais, c’est un support que l’Afrique du Sud donne à un petit groupe qui a ajouté aux malheurs historiques du peuple haitien treize ans de frustrations et de souffrances. Ce faisant, nos frères d’Afrique du Sud tournent le dos à la grande bataille que le peuple haitien livre à l’heure actuelle pour se libérer d’une poignée d’oppresseurs.

Jean-Claude Bajeux, dir. ex.