Español English French Kwéyol

Ils mettent la pression sur l’ambassade et le consulat d’Haïti en France

Correspondance

Par Weibert Arthus

Paris, 25 déc. 03 [AlterPresse] --- 24 décembre 2003, il est 6 heures du matin. Ils ont pris rendez-vous à la Gare du Nord pour une action éclair à l’Ambassade, au Consulat et à la délégation à l’Unesco d’Haïti à Paris. Toute la ville ne se réveille pas encore et la plupart des camarades ne sont pas au courant de cette action qui vise à rendre une "petite visite" aux bureaux des représentants du pouvoir lavalas en France. "Nous ne désirons négocier quoique ce soit avec les diplomates haïtiens en poste à Paris. Nous voulons juste leur faire passer un message réclamant leur démission en signe de solidarité avec la lutte du peuple haïtien" prévient l’un des étudiants.

Leur statut ? Ils ne se cachent pas. "Nous sommes étudiants et militants politiques." Ils sont en fait considérés comme l’aile dur du mouvement de protestation contre Jean-Bertrand Aristide à Paris. L’agenda du jour ? "Fermer symboliquement l’Ambassade et le Consulat et demander aux diplomates et au personnel de désapprouver publiquement la politique de Jean-Bertrand Aristide" soutiennent-ils.

7 heures du matin, le groupe -formé de 4 étudiants et de 2 militants politiques- se divisent en deux sous-groupes, l’un à l’Ambassade et l’autre au Consulat où sont également logés le service culturel et la délégation d’Haïti à l’Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture (UNESCO). Matériel ? Des chaînes, des cadenas, deux banderoles et des prospectus dénonçant la dictature de Jean-Bertrand Aristide en Haïti et exigeant la démission des diplomates haïtiens en France "comme preuve qu’ils ne sont pas totalement complices de ce qui se passe actuellement au pays", lit-on dans l’un des tracts. "Ce n’est pas qu’ils ne sont pas déjà complices" précise l’un des militants politiques, "mais ils ont une ultime chance de réparer leurs erreurs."

7 heures 30, la barrière du consulat est déjà scellée par une chaîne cadenassée. "L’opération est difficile parce qu’on n’a pas les moyens de vraiment bloquer la porte avec notre chaîne" se plaint l’un d’entre eux. Devant les entrées de l’Ambassade et du Consulat, ils hissent comme un drapeau des banderoles sur lesquels on peut lire "se taire = être complices des crimes commis en Haïti." Dans les boîtes aux lettres, à l’entrée comme dans les fenêtres des bâtiments, ils déposent des affiches appelant à la mobilisation permanente contre la dictature de lavalas et exigent la démission de Robert Saurel, Wesner Emmanuel et Emile Beldor respectivement Ambassadeur, Représentant permanent auprès de l’UNESCO et Consul d’Haïti en France.

7 heures 45, le groupe du consulat met fin à l’opération. A l’Ambassade, une patrouille de police intervient mais le groupe est déjà très loin. "C’est une autre étape dans la mobilisation qui vise à renverser Jean-Bertrand Aristide", déclarent ces militants qui disent vouloir, par cette opération et la demande adressée aux diplomates haïtiens, noter ceux qui sont ou non aux côtés du peuple haïtien. L’intention n’était pas d’occuper les représentations diplomatiques haïtiennes en France mais d’envoyer un signal clair aux diplomates haïtiens. Ils veulent étendre leur mouvement et aimeraient que cet exemple soit suivi par les compatriotes des autres communautés de la diaspora.

Entre temps, ils prévoient d’autres étapes, si leurs exigences ne sont pas suivies d’effet, avant le 1er janvier 2004. "Pas question d’en dévoiler la teneur" lâche l’un d’entre eux avec un long sourire. "Pas question non plus de dévoiler note identité", soutient un autre. Comme seule trace, ils ne laissent qu’une adresse électronique universitairesolidaires_haiti@yahoo.fr. De toute façon, disent-ils, c’est la pression permanente en Haïti comme dans la diaspora jusqu’au départ d’Aristide du pouvoir. [wa apr 25/12/2003 07:50]