Par Ronald Colbert
Papaye / Hinche (Haïti), 19 août 2010 [AlterPresse] --- Environ 600 jeunes, dont 40 % de jeunes filles et 60 % de jeunes garçons, en provenance de la plupart des 10 départements géographiques d’Haïti, se rencontrent, du 15 au 21 août 2010, à Papaye (Hinche, à plus d’une centaine de kilomètres au nord-est de la capitale, Port-au-Prince) dans le cadre d’un camp de réflexion et d’échanges sur la souveraineté alimentaire et les changements climatiques, observe l’agence en ligne AlterPresse.
“Nous sommes en train d’apprendre beaucoup de notions sur ce que nous mangeons généralement, les dangers représentés par les produits alimentaires mis en conserves, des méthodes à utiliser pour préparer un petit jardin de légumes, de fruits et autres, ainsi que sur les causes du réchauffement de la planète avec la fonte des glaciers et les agressions continues sur la couche d’ozone”, expliquent des participantes.
Nerlande Délimeau, 20 ans, et Elande Thélamour, 14 ans, envisagent, à leur retour à Miragoane (Sud-Ouest d’Haïti), de travailler sur des pépinières d’épinards, de lyann panye (autre variété de feuille autochtone, très consommée dans la république caribéenne), de carottes, choux, mirlitons, aubergine, oranges, chadèques, ananas, corossol, grenadya (fruits de la passion) et de citrons.
“Il n’est pas nécessaire de disposer d’une surface importante de terrain. Nous avons besoin de terre, sable, fumier (de la dimension d’une brouette) que nous allons mélanger et arroser pendant 3 jours dans des pneus usagés, avant le semis proprement dit”, précise Nerlande.
Avec beaucoup d’autres de leur génération, âgés entre 14 et 30 ans, ces jeunes filles et jeunes garçons – qui visitent pour la première fois le centre de formation “Sant lakay” du mouvement des paysans de Papaye (Mpp) – racontent avoir expérimenté, depuis 4 jours, des méthodes de canalisation de l’eau pour l’irrigation.
En cette matinée de jeudi 19 août, ils sont en train de s’exercer dans l’utilisation de compost et d’autres travaux orientés sur une agriculture écologique et durable, par une appropriation de techniques simples.
Désormais, “je vais faire attention à la consommation de boissons gazeuses, comme le coca-cola, à l’utilisation de condiments chimiques et d’autres produits (viande de poulets importés et irradiés, divers biens alimentaires mis sous forme de conserves) dans la préparation de la nourriture”, assure Nerlande.
Un nombre incalculable de produits de consommation rapide, importés de l’extérieur d’Haïti, comportent des ingrédients nocifs au bon fonctionnement de l’organisme humain.
Il convient également de mesurer les conséquences de l’implantation des semences hybrides qui, malgré une apparence de rendement optimal dans l’agriculture, entraînent une dépendance annuelle vis-à-vis des transnationales de production, sans mentionner d’autres impacts sur le milieu ambiant, préviennent les participantes et participants délégués au camp d’été 2010 des jeunes à Papaye.
Une mystique spéciale pour le camp des jeunes, des exercices physiques d’animation, des conférences-débats sur l’agriculture paysanne et écologique, les caractéristiques environnementales en Haïti, les infections sexuellement transmissibles, les questions de nutrition, de souveraineté alimentaire, les droits des enfants, l’articulation des jeunes avec l’université, la diffusion de documentaires sur les changements climatiques, sont les points déjà couverts dans le cadre de cette rencontre de jeunes délégués de différents départements géographiques du pays.
Les jeunes filles et les jeunes garçons ont également discuté en ateliers sur les thèmes de souveraineté alimentaire, d’agriculture, d’environnement, d’éducation et de santé. Les résolutions, issues des divers ateliers, étaient en cours de validation à la mi-journée du 19 août.
Une analyse de conjoncture sera faite au cours de l’après-midi du 19 août, tandis qu’une marche sur les revendications exprimées par les jeunes devra clôturer le camp d’été 2010 à Papaye, dans la matinée du 20 août sur la place Charlemagne Péralte de Hinche (du nom d’un révolutionnaire haïtien, tué durant la première occupation étasunienne 1919 – 1934). [rc apr 19/08/2010 12:00]