P-au-P, 9 août 2010 [AlterPresse] --- Le plus important, c’est de préserver la démocratie, déclare le nouveau candidat à la présidentielle de novembre 2010, l’ex premier ministre Jacques Edouard Alexis, au cours d’une conférence de presse ce lundi 09 août, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Il faut, à tout prix, protéger la démocratie dans le pays », indique l’ex premier ministre du président René Garcia Préval (1999-2001 et 2006-2008), deux jours après le dépôt de sa candidature pour la présidence au Conseil électoral provisoire (Cep) sous la bannière du parti Mobilisation pour le progrès d’Haïti (Mph) de l’homme d’affaires Samir Mourra.
« Il y a beaucoup de pas décisifs et importants, qui ont été faits dans la construction de cette démocratie, et beaucoup de réalisations ont été accomplies. Je crois que le plus important pour nous, c’est de pouvoir préserver et garder jalousement ces conquêtes », prône t-il.
Ces déclarations interviennent, alors que des partis de l’opposition persistent à critiquer le Cep et le gouvernement, qu’ils accusent de vouloir réaliser, en novembre 2010, une présidentielle et des législatives truquées visant à maintenir (par personnes interposées) le chef de l’Etat au pouvoir.
Jacques Edouard Alexis n’a, pourtant, jamais critiqué ouvertement le processus électoral, initié en juillet 2010, auquel il a d’ailleurs choisi de participer, en dépit de son éviction du parti présidentiel « Inite » (Unité).
« Inite » lui a préféré (en dernière minute) l’ingénier Jude Célestin, le tout nouveau démissionnaire (vendredi soir 06 août 2010) du Conseil national des équipements (Cne), organisme de l’Etat chargé (à date) de la construction de routes et autres travaux publics, lequel organisme a transporté des milliers de cadavres et de tonnes de débris issus du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
En plus des candidatures à la présidentielle des chanteurs Wyclef Jeannel Jean et Joseph Michel Martelly, cette éviction et la décision d’Alexis de représenter Mph constituent l’un des plus grands coups de théâtre dans le processus électoral, qui verra s’affronter 34 candidats [dont seulement 3 femmes / une ancienne sénateure d’élections contestées le 18 janvier 1988, une mairesse Claire Lydie Parent et une ancienne ministre de la santé Josette Bijou] pour le poste de président de la République, alors que sa candidature sous la bannière de « Inite » avait été annoncée depuis plusieurs jours.
Préval l’avait déjà désigné comme prochain représentant du parti aux élections, selon l’ex-premier ministre.
Cependant, l’actuel ministre de la justice et de la sécurité publique du gouvernement de Joseph Jean Max Bellerive, Paul Denis, l’un des conseillers de Préval, l’aurait poussé à se rétracter, arguant que Jacques Edouard Alexis a constitué un clan opposé au clan Préval, explique le candidat à la présidence désormais sous la bannière de Mph.
« Le président Préval et moi-même avons des personnalités différentes…nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout », rapporte Alexis, précisant ne garder aucune amertume par rapport à son départ de « Inite ».
« Je n’ai aucun doute quant à mon acceptation, comme candidat à la présidence, par le Cep le 17 août prochain. affirme Jacques Edouard Alexis.
Toutes les pièces, requises pour sa candidature, ont été fournies au conseil, selon lui.
Et la question de décharge - si elle est évoquée comme raison de son exclusion des joutes - représenterait « une violation » de ses droits civils et politiques, ajoute le candidat à la présidentielle de novembre 2010.
Soulignant avoir entamé cette démarche auprès du parlement, depuis février 2009, il s’interroge sur la position adoptée par le président du sénat, Kelly Clédor Bastien (son collègue à « Inite » jusqu’à samedi 07 août 2010), qui ne lui a transmis aucune lettre de réception de sa demande, au contraire du président de la chambre des députés, Levaillant Louis Jeune.
Réformer l’Etat ?
Alexis annonce la reforme de l’Etat comme première priorité de son gouvernement, s’il est élu.
Une promesse qu’il n’a pas tenue lors de ses deux passages, comme chef de gouvernement de Préval durant les périodes 1999-2001 et 2006-2008.
« L’Etat ne doit pas prendre parti dans l’application de la loi et doit pouvoir faire respecter son autorité dans toutes les circonstances. Mais surtout, il doit mettre en place tous les services qui permettront aux citoyens de fonctionner comme il faut », proclame Alexis.
Pour ce faire, le candidat de Mph promet, d’ores et déjà, d’ « éliminer la corruption », permettant, du même coup, d’encourager des investissements dans le pays ainsi que la création d’emplois.
« Nous n’affichons aucun penchant pour nous ériger en messie. La remise sur pied de notre pays, lourdement abimé, nécessitera la conjugaison des efforts de toutes les couches de la société et de tous les compatriotes, y compris ceux de la diaspora », examine le candidat à la présidentielle de novembre 2010.
Concernant sa politique étrangère, Jacques Edouard Alexis se dit intéressé à « diversifier les relations d’amitiés » dans « le respect et la récupération de notre souveraineté nationale ».
Après avoir été, sous la présidence de René Préval, ministre de l’éducation nationale, puis premier ministre à deux reprises (1999-2001 et 2006-2008), entre autres, Jacques Edouard Alexis avait reçu, le samedi 12 avril 2008, un vote de censure du sénat haïtien lors des « émeutes de la faim », marquant sa dernière apparition politique jusqu’à sa candidature officielle. [kft rc apr 9/08/2010 13:30]