P-au-P, 6 août 2010 [AlterPresse] --- En attendant le verdict (le 17 août 2010) d’agrément ou de rejet de leur candidature à la présidentielle, la star hip hop Wyclef Jeannel Jean et le chanteur de musique populaire « compas » Joseph Michel Martelley (plus connu sous le nom de « Sweet Micky ») ont officiellement remis leurs pièces, dans l’après-midi du jeudi 5 août, afin de briguer la magistrature suprême en Haïti, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Dans un processus électoral 2010, en panne de crédibilité, avec le refus de plusieurs partis d’opposition d’embarquer dans le « train programmé » par l’Exécutif (la présidence de René Garcia Préval et le gouvernement du premeir ministre Joseph Jean Max Bellerive), Wyclef Jean, Joseph Michel Martelly et Wilson Jeudi (maire sortant de Delmas, municipalité au nord-est de la capitale) ont officialisé leur participation éventuelle à la prochaine présidentielle de novembre 2010, dans une ambiance qui n’a pas eu à rougir des liesses habituelles du carnaval.
En plein mois d’août, l’inscription des candidats Jean et Jeudi s’est déroulée dans une atmosphère de carnaval, avec disc jockey (dj) montés sur des camions (ressemblant à des cahrs de carnaval), bandes à pied musicales entonnant des airs de musique « rara » racine haïtienne, le tout agrémenté de tambour, cymbales, instruments en bambou et cornets (en tôles).
Pour la circonstance, la police nationale d’Haïti (Pnh) et la mission des nations unies de stabilisation en Haïti (Minustah) ont installé des dispositifs de barrage devant le siège du Cep en guise de prévention d’éventuels dérapages.
Au fur et à mesure, les partisans de candidats ont grossi à nombre, passant de quelques dizaines à des centaines, notamment lorsque le prétendant Wyclef Jeannel Jean est arrivé sur les lieux pour remettre des documents à la direction des opérations électorales.
A 48 heures de la fin (samedi 7 août) du processus d’enregistrement des prétendants au siège présidentiel, il a été difficile de dire s’il s’agissait de remplir une formalité d’inscription ou de tromper le calendrier et danser le carnaval au mois d’août.
Tous les candidats, qui se sont déjà inscrits dans la perspective la présidentielle du 28 novembre 2010, déclarent être investis d’une « mission » de changer le cours des affaires administratives et les réalités de la population dans le pays caribéen.
Le maire sortant de la commune de Delmas, Wilson Jeudi, le premier à donner le ton, s’est présenté en fin de matinée au Cep, accompagné de chars, de bandes à pied et de DJ.
Cette ambiance carnavalesque allait durer toute la journée du jeudi 5 août, quand des partisans du chanteur Wyclef Jean (accompagné de sa femme Claudinette et de leur fille) ont investi les abords du siège de l’organisme électoral.
L’artère principale de Delmas a été coupée en deux, au niveau de Delmas 38, par des barrages policiers, provoquant d’énormes bouchons dans la zone. Sous les yeux des agents de la police nationale et de la Minustah, l’heure était à la bamboche pour un peu plus d’une centaine de sympayhisantes et sympathisants arborant des t-shirt blancs imprimés du slogan « fas a fas » (face à face).
La stratégie "face à face" de Wyclef Jean
Ce slogan serait une façon de désigner la nouvelle méthode de résolution des problèmes du pays, que Wyclef Jean - qui a atteint, avec le groupe Fugees, les sommets dans sa carrière de chanteur - entend appliquer, selon ses propos de candidat.
« Depuis 200 ans, ils nous mentent. Une population, qui ne peut ni lire ni écrire, est en esclavage. Il faut donc régler les problèmes « Face à Face ». Ils disent que le pays n’est pas sécuritaire. Nous, nous disons que si on offre travail et éducation à la jeunesse, il n’y aura plus d’insécurité » pense-t-il.
Juché sur un camion publicitaire et encadré par le rappeur du groupe hip hop haïtien de Barikad Crew, Jean Léonard Tout-Puissant (surnommé Izolan), Wyclef Jean s’est adressé à une foule de partisans, qui s’est multipliée entre-temps, atteignant plusieurs centaines de personnes.
Clamant encore une fois qu’il a conservé la nationalité haïtienne, malgré une trentaine d’années passées aux États-Unis d’Amérique, Wyclef Jean se lance à l’assaut de la présidence d’Haïti sous la bannière du parti nouvellement formé "Viv Ansanm" (Vivre ensemble).
Il devrait axer sa politique sur l’éducation, la santé, la sécurité, l’éducation et la création d’emploi.
Michel Martelly voudrait redonner sa dignité au peuple haïtien
A côté du développement du tourisme, de l’emploi et de l’agriculture, l’éducation et la santé sont également les priorités de Michel Martelly, lui aussi chanteur et enfant terrible du compas direct.
A la fois sobre et élégant, Joseph Michel Martelly, escorté par son épouse Sophia Martelly, s’est inscrit dans la course présidentielle avec l’ambition de redonner sa dignité au peuple haïtien.
« Je vais vous inspirer, afin que nous nous unissions autour d’un même projet…Je veux prôner l’inclusion. Nous avons besoin de bonnes volontés. Avec mon équipe, nous chercherons à faire regagner sa fierté et sa dignité au peuple haïtien, qu’il puisse renouer avec des notions sociales [fondamentales] comme l’amour, le partage et la vie en communauté », explique le candidat Martelly, annonçant un plan qui devrait s’étendre sur 25 ans.
Ses performances musicales au sein de son groupe « Sweet Micky », souvent controversées sur leur aspect théâtral, ont ranimé des critiques, auxquelles Michel Martelly a choisi de répondre.
« Certaines personnes vont se précipiter pour dire que Sweet Micky a fait de mauvaises choses. Mais, c’est grâce à Sweet Miccky si je suis là aujourd’hui. Je ne vais pas le renier, mais l’assumer » proclame-t-il.
Tous les inscrits ont amené la totalité des pièces requises (certificat de bonne vie et mœurs, 4 photos d’identité, attestation bancaire, extrait d’archives, matricule fiscale, entre autres), en attendant la décision d’acceptation ou de refus de leur candidature par le conseil électoral provisoire.
Pour l’ensemble des candidats déjà inscrits, leur enregistrement ne serait qu’une première étape... [kft rc apr 6/08/2010 0:26]