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Haïti-France-Pêche : Le Breizh Da Viken arrivé à bon port pour soulager les pêcheurs d’Anse d’Hainault

Une amélioration souhaitée dans la filière pêche en Haïti

Par Karenine Francesca Théosmy

Anse d’Hainault (Haïti), 30 juillet 2010 [AlterPresse] --- L’association de pêcheurs française « Solidarité Pêche » a remis officiellement, le jeudi 29 juillet 2010, à l’association des marins pêcheurs d’Anse d’Hainault (Ampah, Grande Anse / Sud-Ouest d’Haïti), un navire de pêche dénommé « Breizh Da Viken » (Bretagne pour toujours), don de l’association française Solidarité-pêche, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

La cérémonie, à laquelle ont pris part notamment le secrétaire d’État à la production animale, Dr. Michel Chancy , et le président de l’association haïtienne Fondation Verte (qui a facilité les contacts entre les deux associations) , Michel Simon, s’est déroulée sur la rade de la municipalité Anse d’Hainault, dans le département géographique de la Grande Anse, située à plus de 300 km au sud-ouest de la capitale.

« Breizh Da Viken » mesure 12 mètres et peut héberger 6 pêcheurs en moyenne à son bord. Il peut porter 6 tonnes de poissons et remorquer jusqu’à 7 petits bateaux de pêche.

Combinant le moteur et la voile, il consomme 1 gallon aux 6 miles. Ce qui le rend très économique, selon le responsable de la Fondation verte.

Du matériel de pêche que le navire a transporté, dont deux moteurs de 50 chevaux, a été donné à l’Ampah par le président de « Solidarité Pêche », Jean Pierre Coïc, qui était présent à la cérémonie.

Ont également été livrés du matériel médical ainsi que des livres au profit, respectivement, de l’hôpital d’Anse d’Hainault et de la bibliothèque du lycée de la ville.

« Nous avons un grand mal à trouver des poissons tout près des côtes… Ce bateau va permettre justement aux pêcheurs de sortir », explique Michel Chancy.

« Ils n’auront pas besoin de revenir chaque jour, ils pourront passer [plusieurs] jours en mer. Cela leur fera d’importantes économies en carburant. Le bateau permettra aussi de conserver les poissons, parce qu’il sera équipé d’une chambre froide. », précise encore le secrétaire d’Etat, qui a souligné les incidences bénéfiques sur les conditions de vie des pêcheurs de la zone.

« Il ne s’agit pas de faire une pêche industrielle, de faire les mêmes erreurs que nous avons faites en Europe , parce qu’en Europe, on a pillé nos zones [de pêche]. », déclare, pour sa part, Jean Pierre Coïc.

« Il s’agit seulement de soutenir les pêcheurs haïtiens », fait-il savoir.
Le « Breizh Da Viken » est arrivé, dans la nuit de mercredi 28 au jeudi 29 juillet 2010 à Anse d’Hainault dans le Sud-Ouest d’Haïti, en provenance de Concarnau, en France (où il a été restauré par l’association Solidarité pêche, créée en février 1999 par le pêcheur côtier Jean-Pierre Coïc), après un périple de deux mois, en passant par Madeira (Portugal) et Basse-Terre (Guadeloupe).

Il devait quitter Anse d’Hainault, dans l’après-midi du jeudi 29 juillet, pour Port-au-Prince, où une chambre froide sera installée.

Les pêcheurs n’ont pas caché leur hâte de le voir revenir dans la rade de ville de la Grande Anse en vue notamment de le baptiser. Certains souhaitaient prendre la mer le jour même de son retour.

Conditions précaires dans la branche pêche en Haïti

A Anse d’Hainault, comme dans beaucoup d’autres zones du territoire caribéen, les pêcheurs exercent leur métier dans des conditions très précaires.

Ils figurent pourtant parmi les mieux organisés et expérimentés en Haïti, signale le secrétaire d’État haïtien à la production animale.

L’Ampah participe, par exemple, à la formation d’autres pêcheurs, notamment aux Gonaïves (Artibonite/ Nord) et à St Louis du Sud (Sud d’Haïti).

Quoi qu’il en soit, les difficultés demeurent nombreuses dans l’exploitation de la filière pêche en Haïti.

Outre le manque de matériels appropriés, le coût du carburant est l’un des handicaps majeurs évoqués.

Il faut parfois aux pêcheurs autour de 2,500.00 gourdes (US $ 1.00 = 41 :00 gourdes ; 1 euro = 55.00 gourdes aujourd’hui) pour prendre la mer, les petits bateaux qu’ils utilisent fonctionnant avec moteur. La subvention du carburant, par l’Etat, représente ainsi leur principale revendication.

Mais, le gaz subventionné pourrait être écoulé au marché noir, plutôt que de servir aux pêcheurs, craint Michel Chancy, qui parle d’une décision risquée à prendre.

Le ministère haïtien de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) a établi un plan d’investissement agricole, incluant le développement de la pêche qui prévoit le déboursement de près de 800 millions de dollars américains sur les 5 prochaines années.

Un plan qui, à date, n’a guère récolté que des promesses de l’ordre de 300
millions de dollars de la part des bailleurs de fonds d’Haïti. [kft rl rc apr 30/07/2010 14:51]