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L’Association des cinéastes haïtiens exhorte Aristide à " faire le geste que tout le pays attend "

Appel du monde du cinema haitien

13 decembre 2003

Devant le spectacle hideux et révoltant offert par notre pays à l’orée du bicentenaire de la proclamation de son indépendance, comme s’il était encore dominé par des Caradeux et des Rochambeau, cruels et sanguinaires colons d’avant 1804.

Nous, cadres et membres de l’Association des Cinéastes haïtiens, femmes et hommes de spectacle, actrices et acteurs, comédiens et comédiennes, cinéastes en général,

particulièrement sensibles aux souffrances des étudiants meurtris dans leurs corps et leurs esprits,

particulièrement sensibles aux cris des femmes violées et de leurs enfants trucidés

particulièrement sensibles au martyre des bébés et des enfants vilement fauchés dans leur lit ou devant leurs jouets,

particulièrement sensibles aux images cauchemardesques de la tentative de mutilation des deux jambes du Recteur de l’Université d’Etat d’Haïti dans l’enceinte de la Faculté des sciences humaines,

particulièrement sensibles aux menaces et persécutions contre les artistes, intellectuels et journalistes de la presse indépendante,

interpellés par le courage et la détermination de nos jeunes étudiants

répondant à l’appel de tout un peuple

et nous faisant l’interprète de nos centaines de milliers de fans et de spectateurs du jeune cinéma haïtien

disons : arrêtons la descente aux enfers !

34 morts dans la seule ville des Gonaives, cela suffit !

Nous demandons à toutes celles et à tous ceux qui aiment le cinéma et les arts de continuer à se battre pour l’établissement d’un Etat de droit, fondé sur la vérité et la justice, où les libertés d’expression et de manifestation sont respectées.

Le président Aristide nous avait promis un film d’amour et de paix.Nous assistons, horrifiés, à un film de terreur dont nous souhaitons ardemment la fin.

Nous l’exhortons en conséquence à faire le geste que tout le pays attend de lui pour que ses propres enfants, qu’il doit aimer, n’aient pas à avoir honte à jamais de lui et que la grande fête du bicentenaire puisse se célébrer dans l’allégresse et l’unité retrouvée de ses fils !

Port-au-Prince, le 13 décembre 2003

Parmi les signataires :

Reginald Lubin, Smoye Noisy, Jean Gardy Bien Aimé, Arnold Antonin, Handy Tiber, Oldy Joà« l Auguste, Painvier Mathieu, Haendel Dorfeuille, Ricardo Lefevre, Laurence Magloire, Gary Victor, Manfred Marcelin, Sandra Lobir...