Extrait d’un communiqué de Médecins du Monde
Transmis à AlterPresse le 12 juillet 2010
Sur chacun des 10 sites MdM sont organisés plusieurs fois par semaine des groupes de parole pour adultes, des ateliers pour enfants, des entretiens individuels. « Il y a chaque matin des personnes qui viennent me voir pour des maux imaginaires » déclare le docteur Emanuela « après auscultation ils n’ont rien apparemment mais si on leur pose des questions, ils disent ne pas dormir, ne pas manger, revivre en permanence les 52 secondes du tremblement de terre. Je leur propose de voir le psychologue ou de participer au groupe de parole »
Raconter le tremblement de terre, décrire chaque détail, comment on est sorti vivant, ceux qui ont disparu, l’absence de corps dans bien des cas : pour beaucoup de participants, le groupe de parole est l’occasion de raconter pour la première fois devant des inconnus ce qu’ils ont vécu. C’est plusieurs mois après que le traumatisme s’exprime. Tous disent « On ne peut pas oublier. On peut juste faire que ce soit du passé. » Ils racontent leur souffrance de vivre au quotidien « Je ne suis plus normale. Je ne peux pas, du tout du tout, être comme avant ».
Jouer, dessiner, chanter : depuis le mois d’avril, 6 000 enfants ont participé aux ateliers socio-éducatifs Les dessins sont explicites : une maison détruite de toutes les couleurs et une grande main qui sort des décombres, c’est sa mère morte pendant le séisme que ce petit garçon a représentée. L’atelier pour enfants de MdM se termine par une chanson préventive contre les violences et tous chantent « ne blessez pas la fleur, laissez le papillon, libre dans son bonheur, ne blessez pas l’enfant ».
Après plusieurs mois sous la tente, dans des conditions de promiscuité et d’insécurité très difficiles, les cas de violences et en particulier de violences sexuelles augmentent sur plusieurs des camps où MdM intervient. Les femmes mais aussi les enfants en sont les principales victimes. 6 mois après, le traumatisme est toujours très présent, la population angoissée : la prise en charge psychologique doit continuer au-delà de la phase d’urgence. Ce volet doit être intégré dans le plan de reconstruction du système de santé haïtien.