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Trois organismes haïtiens dénoncent un régime de violence dans le pays

Port-au-Prince, 19 déc. 03 [Alter Presse] --- Des organisations travaillant dans le domaine des droits humains dénoncent le climat de violence instauré en Haïti à la veille du bicentenaire de l’Indépendance du pays.

Dans un document publié le lundi 15 décembre 2003 et parvenu à AlterPresse, le Centre Oecuménique des Droits Humains (CEDH), l’Institut Mobile d’Education Démocratique (IMED) et Haïti Solidarité Internationale (HSI), font état de l’emploi systématique de la violence par des policiers et des partisans du pouvoir contre la population civile aux Gonaives (Centre-ouest) et dans d’autres villes du pays.

Selon ce document des témoignages font mention de manœuvres systématiques d’intimidation contre la population dans plusieurs villes par des patrouilles policières tirant à hauteur des fenêtres et balcons. « Ces opérations d’intimidation de la population ont lieu régulièrement depuis des semaines à Petit-Goâve et ont également commencé au Cap-Haïtien », rapporte le document.

Le 13 décembre dernier, des policiers accompagnés de civils armés seraient brutalement intervenus dans le quartier populaire de Raboteau aux Gonaives, tuant plusieurs personnes et blessant de nombreuses autres. Selon les trois institutions, des cadavres auraient été « mis dans des sacs et emportés ».

Le document indique que la ville des Gonaives est l’objet d’opérations punitives menées par des policiers cagoulés pour contrer toute manifestation anti-gouvernementale. CEDH, HSI et IMED révèlent la présence « d’étrangers parlant anglais » qui auraient fait leur apparition lors de la visite aux Gonaïves, le 6 décembre, du Premier Ministre Yvon Neptune, accompagné des visiteurs sud-africains qui séjournaient en Haïti pour préparer la célébration du Bicentenaire.

Les organismes dénoncent une vague d’arrestations et d’enlèvements effectués par des agents de la police et des civils armés aux Gonaives.

Par ailleurs, des tracteurs du Ministère des Travaux Publics auraient été utilisés pour détruire des édifices de la ville, parmi lesquels un Ciné-club, une école, un dépôt de marchandises et la maison de Amyot Métayer, ancien partisan du président Aristide, assassiné en septembre dernier.

Les organismes de défense des droits humains CEDH, HSI et IMED qualifient l’Etat haïtien actuel de « grand délinquant », qui a, selon eux, instauré en Haïti un régime de violence et de désordre à la veille du bicentenaire de l’Indépendance (1er janvier 2004). [rv gp apr 19/12/2003 12:30]