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Haiti-Seisme-Six mois : La reconstruction prise en otage par le pouvoir central, selon le maire de Port-au-Prince

P-au-P., 14 juil. 2010 [AlterPresse] --- Le maire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason, s’insurge contre l’accaparement du dossier de la reconstruction par le pouvoir central durant les 6 mois qui ont suivi le séisme du 12 janvier, qui a détruit la majeure partie de la capitale.

« Il n’y a pas de décentralisation et toutes les activités sont conduites par le gouvernement central » qui ne communique pas avec la mairie de Port-au-Prince, critique Jason le 13 juillet lors d’une conférence de presse à laquelle a assisté AlterPresse.

Il déclare que son administration n’est impliquée « dans aucune initiative » entreprise par l’Exécutif, « en dépit de nos multiples démarches ».

Cette situation est « symptomatique du statu quo, où on constate une peur des maires » et elle relève « d’une tradition de gestion très personnelle qui perdure en Haiti », soutient l’édile de la capitale, qui croit que « nous risquons de rater la chance de bâtir un autre Port-au-Prince ».

Selon les données de l’administration communale, la ville a été détruite à 75% et « il ne peut y avoir de reconstruction sans schéma directeur ».

Jean Yves Jason dit n’être pas informé de la décision gouvernementale déclarant d’utilité publique un périmètre au cœur de Port-au-Prince pour pouvoir lancer des chantiers de la reconstruction. « Ils ne m’ont pas demandé ma vision de la ville », affirme-t-il.

Même réaction par rapport à l’initiative de l’Exécutif de travailler avec des représentants de personnes déplacées qui se sont installées dans 9 camps au champ de mars, principale place publique de la capitale, afin de favoriser leur retour dans leurs quartiers d’origine.

Le maire rappelle que dans le cadre de la coopération avec des municipalités étrangères, la mairie de Paris dispose de 1.500.000 Euros pour aider à refaire le champ de mars, et que les conditions actuelles ne permettent pas de lancer les travaux.

Le maire indique également que les huit écoles communales de Port-au-Prince ont été détruites par le séisme et une cinquantaine d’élèves ont été tués. Ces écoles n’ont pas été prises en compte dans le programme de réouverture des classes mis en place par le ministère de l’Éducation nationale, avance-t-il.

Jason s’en prend aussi aux ONG, qui, au nombre de plus sont en fonctionnement dans la capitale. « Elles sont toujours réticentes à informer sur leurs actions et à laisser la mairie les accompagner ».

Celles qui gèrent le programme de ramassage de débris ‘argent contre travail’, « le font n’importe comment », affirme-t-il, « et nous ne sommes pas informés de l’endroit où elles vont déposer les débris ».

Tel est le cas également avec le ministère des Travaux publics et le Centre National des Équipements (CNE), qui « ne nous informent d’aucun plan de ramassage et les débris sont jetés partout, particulièrement dans les ravins ».

La mairie a protesté contre cet état de fait auprès du ministère des Travaux publics et de celui de l’Environnement, informe Jason.

Actuellement, selon Jason, la mairie cherche à coordonner toutes les actions qui sont entreprises à la capitale et recherche la concertation avec le gouvernement central de sorte à éviter toute duplication dans les activités et, à travers la coopération décentralisée, trouver des moyens à mettre au service de la population. [gp apr 14/07/2010 05 :00]