Par Francesca Théosmy
P-au-P, 12 janvier 2010 [AlterPresse] --- Six mois après le séisme du 12 janvier, le spectacle de nombreux camps d’hébergement inquiète de plus en plus les habitants de Port-au-Prince, constate AlterPresse.
Ils fustigent le gouvernement pour sa « lenteur » à répondre à un certains nombre de questions fondamentales touchant notamment au logement.
La frustration est palpable et pourrait contribuer à envenimer la situation, alors que la trêve observée par l’opposition s’achève avec la fin de la Coupe du monde ce week-end. Plusieurs manifestations sont programmées.
Des bilans, peu de réponses
Pour marquer les 6 mois de la catastrophe, le pouvoir en place a dressé des bilans sectoriels comme pour s’assurer que ses réalisations ne passeraient pas inaperçues. Cependant l’essentiel reste toujours à faire pour notamment reloger les sans abris estimés à un peu plus d’un million.
Ces sans abris sont pour la plupart repartis dans des camps d’hébergement où l’insalubrité et les conditions précaires font augmenter les risques sanitaires.
La relocalisation vers de nouveaux camps d’hébergement, une des solutions priorisées par le staff au pouvoir, n’a pas fait ses preuves jusqu’ici. Les relocalisés se plaignent entre autres de l’éloignement par rapport aux centres économiques et des tentes qui ne sont adaptées ni à la chaleur ni aux intempéries.
Quelques 3000 abris transitionnels ont déjà été construits. Certaines organisations comme la Croix rouge américaine souhaiteraient évoluer vers des abris permanents, mais des défis liés à la propriété de la terre restent à franchir.
Entre temps des sinistrés vivant sur des terrains privés, comme à Gressier, se font expulser sans ménagement, tandis que la ruée vers la terre se poursuit dans des zones comme Croix des Bouquets où la population a plus que doublé après le 12 janvier. La disponibilité des services de base n’a pourtant pas progressé dans le même sens.
Quelles stratégies pour héberger les plus vulnérables avant que la situation ne devienne ingérable ? Comment faire pour déconcentrer sans créer de nouveaux « Port-au-Prince » ? Comment activer le processus pour entamer des actes évidents de reconstruction ? Quelles meilleures stratégies adopter pour enlever les millions de débris dans les villes touchées ?
Au rythme actuel des travaux de déblaiement, dans 20 ans on sera encore en train de retirer des débris, selon un responsable du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’organisation des Nations Unies (Ocha).
Les mauvaises notes s’accumulent
Par ailleurs la situation dans les camps, émaillée de violence et d’exploitation sur les filles et les femmes, pose également la question des droits humains. Sur ce point il semble que les autorités haïtiennes n’ont pas cessé d’accumuler de mauvaises notes.
La capture des 6000 évadés à la faveur du tremblement de terre constitue un défi pour la police et les gangs ont repris du service dans la région métropolitaine où les assassinats sont en hausse. Au moins 5 personnes ont été tuées durant la semaine écoulée. [kft gp apr 12/07/2010 9:00]