P-au-P., 8 juil. 2010 [AlterPresse] --- Les organisations humanitaires qui assistent la population haïtienne depuis le tremblement de terre du 12 janvier estiment que l’un des principaux problèmes actuellement est de déblayer les espaces encombrés de débris et de trouver des terrains publics pour héberger les personnes déplacées.
« Le problème présentement ce n’est ni l’argent ni les matériaux, mais c’est d’enlever les décombres et de trouver des terrains publics » pour construire des abris transitoires afin de loger les sinistrés, déclare Peter Rees, coordinateur du « cluster Abris » pour les Nations Unies.
Il intervenait lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion des 6 mois de la catastrophe, qui a fait 300.000 morts, autant de blessés et plus de 1,2 million de sans-abri en Haiti.
« C’est un travail compliqué », martèle-t-il.
Les Nations Unies et le gouvernement travaillent sur un plan pour enlever 2 millions des 20 millions de mètres cubes de gravats laissés par les édifices détruits lors du tremblement de terre, annoncent les organismes humanitaires. Ce plan coûtera 120 millions de dollars.
Selon les spécialistes, plusieurs facteurs contribuent à rendre difficile le déblaiement. Ils soulignent l’attachement des habitants à leurs anciens logements et les limites en termes de capacités matérielles et techniques.
« Les gens sont attachés à leurs maisons et leurs débris », fait remarquer Timo Luegue, chargé des médias et de la communication du « cluster Abris ».
Il explique qu’on ne peut pas déblayer des propriétés privées sans l’autorisation de leurs propriétaires, même si la question des titres de propriété demeure confuse.
Une autre difficulté est liée à la disponibilité des espaces pour entreposer les décombres. Il existe « énormément » de gravats et il n’y a pas assez d’espaces pour les recevoir, avance Rees.
Il n’y a pas non plus assez de camions pour faire le travail, mais en même temps, manœuvrer des engins lourds au milieu d’une population aussi dense est problématique, ajoute-t-il.
Le quartier de Fort National, situé prés du centre de la capitale, profondément meurtri par le tremblement de terre, a été pris en exemple.
D’autre part, le fait que la majorité des sinistrés étaient des locataires des maisons qu’ils habitaient représente une difficulté supplémentaire.
Giovanni Cassani, qui dirige le « cluster Coordination et Management des camps » estime qu’à Port-au-Prince, entre 60 % et 70 % des personnes déplacées n’étaient pas propriétaires de leurs anciens logements.
Il pense que ces personnes « n’ont aucune possibilité » de se reloger par leurs propres moyens.
1368 camps sont répertoriés à travers la capitale et ils accueillent environ 1,7 million de personnes déplacées, selon les statistiques de l’ONU.
Au regard de la situation de ces personnes, « beaucoup reste à faire » pour leur créer des « conditions de vie décentes » et trouver des « solutions durables » à leurs problèmes, déclare Cassani.
Le principal objectif est désormais de "trouver des terrains publics pour accueillir les personnes déplacées", affirme-t-il.
Des centaines de milliers de personnes vivant sous les tentes : tel est un « challenge crucial » auquel il faudra faire face, selon Peter Rees.
Il est prévu de construire 125.000 abris transitoires à Port-au-Prince, mais, à date, seulement 3.777 ont été mis en place.
Le problème se présente plus ou moins de la même manière dans les autres zones touchées par le tremblement de terre, dont Jacmel (sud-est) et Léogâne (Ouest), où 90 % des sinistrés étaient des locataires. [gp apr 08/07/2010 15 :00]