Lettre de la CISL au président Jean Bertrand Aristide
16 décembre 2003
Jean Bertrand Aristide
Président de la République d’Haïti
Palais National
Champs de Mars
Port-au-Prince
République d’Haïti
++509 244 4146/6242
TUR/FW Le 16 décembre 2003
Monsieur le Président,
Agression contre étudiants et professeurs de l’Université autonome d’Haïti Agression et menaces contre des syndicalistes
La Confédération internationale des syndicats libres (CISL), qui représente 158 millions de travailleurs et travailleuses dans 150 pays et territoires, tient à vous exprimer sa consternation après les actes d’agression méprisables du 5 décembre 2003, commis contre les étudiants et les professeurs de l’Université autonome d’Haïti, et le harcèlement des habitants et organisations des quartiers avoisinants, tels que la Coordination syndicale haïtienne (CSH).
Selon nos informations, la manifestation pacifique des étudiants de l’Université, dirigée contre la gestion du gouvernement, avait été annoncée à la police. Tout en méconnaissant son caractère pacifique, la manifestation a été interrompue violemment par les bandes pro-gouvernementales connues comme "chimères", apuyées par la police.
Au dépit du fait que le premier ministre a essayé de justifier l’intervention en insinuant que les étudiants portaient des armes, le recteur Pierre-Marie Paquiot et le vice-recteur Wilson Laleau ont pu constater qu’ils ne disposaient que de quelques pierres pour se défendre contre les chimères. Ceux-ci ont effectué un total de 25 blessés, dont plusieurs gravement.
Une autre question qui continue de nous perturber est la situation de Fritz Charles, secrétaire général de la CSH. Jusqu’ aujourd’hui, M. Charles n’ a pas pu réintégrer son domicile en raison des menaces dont il est victime, et de la manque de garanties de sécurité. De la même façon, le local de la CSH, qui se trouve très proche de l’Université, n’est plus accessible à cause de l’insécurité du quartier.
La CISL tient à vous exprimer sa profonde préoccupation à la suite de ces événements, qui aggravent la crise politique, économique et sociale dans laquelle se trouve votre pays. L’exercice d’une opposition légitime en Haïti devient presque impossible dans un tel context. La CISL vous exhorte à prendre les mesures nécessaires afin de lancer une enquête officielle sur la violence qui a eu lieu à l’Université autonome d’Haïti, et de garantir que les droits humains de tous les citoyens du pays soient respectés.
Dans l’espoir d’une réaction positive et rapide de votre part, veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Guy Ryder
Secrétaire général
Cc
l’Ambassade haïtienne à Bruxelles
l’Internationale de l’Education
ORIT Caracas
CSH