P-au-P, 10 juin 2010 [AlterPresse] --- Le plan de reconstruction, préparé par le gouvernement suite au terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, a soulevé du scepticisme chez les participants au forum de l’université sur la reconstruction, a constaté AlterPresse.
Le forum, qui s’est achevé le jeudi 10 juin, a consacré un panel au plan d’action pour le relèvement et le développement d’Haïti (Pardh). Plusieurs intervenants, dont Me Monferrier Dorval et la journaliste et travailleuse sociale Colette Lespinasse, ont fait part de leur doute par rapport à la mise en œuvre du plan et son impact durable sur le développement du pays.
Selon Colette Lespinasse, le Pardh « ne nous mènera nulle part » car il « ne répond pas aux véritables problèmes de la population », comme la reforme foncière, l’éducation ou la sécurité alimentaire.
D’autres interventions issues de l’assistance ont signalé l’absence de stratégie pour impliquer les cadres locaux dans la reconstruction et dans des conditions acceptables, ce qui pourrait livrer la direction des ministères à des agences comme c’est le cas dans certains pays d’Afrique.
Une option prévue est en effet de créer une agence de reconstruction dans le cas où la commission intérimaire pour le relèvement d’Haïti (Cirrh) aurait échoué.
Composée d’universitaires et d’acteurs de divers secteurs, l’assistance a également souligné le flou sur la décentralisation, alors que la refondation territoriale est l’un des grands chantiers visés par le document.
Ayant assuré la présentation du Pardh, Claude Grand Pierre, directeur du ministère de la planification, a tenu à préciser sur ce point que le gouvernement établit une nette différence entre la déconcentration et la décentralisation.
L’idée est pour l’équipe Bellerive de « porter les services publics au niveau des arrondissements pour permettre l’accès des populations aux services de base », de « reconstruire le territoire » et non de faire des arrondissements des zones indépendantes et totalement déconnectées du pouvoir central, a-t-il souligné.
Le plan de reconstruction gouvernemental a été élaboré suite aux résultats du Pdna (Post disaster need assessment).
Suivant le Pdna, le séisme du 12 janvier aurait couté au pays 6 fois plus que les derniers cyclones de 2004, 2007 et 2008 réunis, dont les pertes avaient atteint 1 milliard de dollars, a fait savoir Grand Pierre.
Le Pardh évalue la reconstruction à au moins 11 milliards de dollars et se propose d’apporter les réponses appropriées en mettant l’emphase sur la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Trois phases d’intervention sont envisagées : l’urgence, qui s’achève en septembre prochain, l’implémentation (qui doit durer 18 mois) et la concrétisation.
Haïti a déjà reçu des promesses de dons de l’ordre de 10 milliards de dollars lors du sommet de New York le 31 mars. La plupart de ces promesses ont été réaffirmées à la rencontre internationale du 2 juin à Punta Cana en République Dominicaine. [kft gp apr 11/06/2010 04:00]