P-au-P., 04 juin 2010 [AlterPresse] --- Des milliers de paysans haïtiens ont manifesté ce 4 juin à Hinche (Est) en vue de rejeter un don de 475 tonnes de semences hybrides offert au gouvernement haitien par la multinationale américaine du secteur agrochimique Monsanto.
Les organisateurs ont estimé à 20.000 le nombre de manifestants ayant pris part à cette marche, qui est de la localité de Papaye, située à quelques km au nord de Hinche.
« Nous voulons dénoncer l’introduction des semences Monsanto dans le pays, à travers le gouvernement (haïtien) et le projet Wiener, financé par le le gouvernement des États-Unis », déclare à AlterPresse le leader paysan, Filfranc Saint-Naré.
Selon lui, 75 des 475 tonnes de semences promises par Monsanto se trouvent déjà dans le pays.
Les manifestants demandent au gouvernement de « refuser le reste » et aux paysans d’incendier les semences Monsanto déjà distribuées.
Les leaders des mouvements paysans qui ont organisé la marche ont symboliquement brûlé un lot de semences Monsanto sur la place Charlemagne Péralte, point de destination de la manifestation.
« Nous brulons ces semences génétiquement modifiées pour montrer au monde que nous les rejetons », déclare Saint-Naré, qui qualifie ces produits d’ « agro-poison ».
Selon lui, la marche « montre que les paysans sont véritablement sensibilisés » et que « les conditions sont réunies pour une vraie lutte contre Monsanto ».
Des délégations venant de plusieurs régions d’Haiti et de plusieurs pays étrangers ont pris part à la manifestation.
Parmi les organisations représentées figurent le Mouvement National des Paysans du Congrès de Papaye (MPNKP), l’Union des Petits Paysans (Tèt Kole), la Coordination Régionale des Organisations du Sud-est (CROS) et la Coordination Régionale des Organisations des Nippes (CORENIP).
Des délégations étaient issues également de plusieurs autres mouvements sociaux dont ceux du secteur estudiantin.
Des mouvements basés en République Dominicaine et au Brésil ont également apporté leur appui à la réalisation de cette marche.
En mai dernier, la possibilité de l’introduction en Haiti de semences génétiquement modifiées dans le cadre du don de Mosanto au gouvernement a soulevé des controverses.
Par ailleurs, les paysans ont réclamé la démission du président René Préval et condamné ses initiatives visant à étendre l’état d’urgence sur 18 mois et son mandat jusqu’au 14 mai 2011 si des élections générales n’ont pas lieu à la fin de cette année.
En oûtre, des centaines de personnes étaient encore ce 4 juin dans les rues de Port-au-Prince pour exiger la démission de Préval. La manifestation a été dispersée par la police. [gp apr 04/06/2010 16 :00]