P-au-P, 1er juin 2010 [AlterPresse] --- Six (6) ans (1er juin 2004 – 1er juin 2010) après l’arrivée de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), un sentiment de ras-le-bol tend à se généraliser contre les forces d’occupation dans le pays, notamment après une intervention intempestive, le lundi 24 mai 2010, dans l’enceinte de la faculté (publique) d’ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), observe l’agence en ligne AlterPresse.
La reprise effective de la souveraineté nationale préoccupe, au plus haut point, divers secteurs de la vie nationale qui s’interrogent sur les risques de dérapage sur la sécurité publique, avec la présence de militaires onusiens, un tantinet énervés par les mouvements de foule et de désapprobation de leurs méthodes par différentes couches de la population.
Devant l’ampleur des réactions de désapprobation des étudiants et de nombreux secteurs nationaux, la Minustah a vite fait de présenter le lendemain des excuses pour tenter de désamorcer la levée des boucliers.
Les informations en provenance du Brésil font état de l’ouverture d’une enquête, sollicitée par l’Organisation des Nations Unies (Onu), en vue de déterminer s’il y a eu un “usage excessif de la force” par une patrouille brésilienne le lundi 24 mai à la faculté d’ethnologie. Les conclusions d’une enquête interne, préalable à celle de l’Onu, rejettent la thèse “d’usage excessif de la force” à la faculté d’ethnologie.
Beaucoup de citoyennes et citoyens élèvent leurs voix, dans les récentes manifestations anti-gouvernementales, pour réclamer le départ des troupes onusiennes du territoire national.
D’autres manifestations, contre la présence de la Minustah, sont annoncées pour les 1er et 8 juin 2010 dans la capitale haïtienne.
Citoyennes et citoyens dénoncent une série de comportements et d’actes arbitraires des casques bleus qui agissent carrément comme dans un pays conquis.
Les militaires onusiens agressent à tout bout de champ par des menaces verbales avec leurs armes. Ils confisquent des permis de conduire, se donnent un droit de priorité dans la circulation automobile par rapport aux autres conducteurs et même ne respectent pas, parfois, les membres de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Au cours du mois de mai 2010, le véhicule de police de l’inspecteur divisionnaire Rosemond Aristide, responsable du Commissariat de police de Cité Soleil (au nord de la capitale) a été pris pour cible dans le quartier de Simon-Pelé (Cité Soleil) par des casques bleus brésiliens.
La Minustah a donné une autre version de l’incident, indiquant qu’une de ses patrouilles a voulu vérifier un véhicule à bord duquel se seraient trouvés des hommes armés en civil.
De 1993 à 2004, dans le cadre de démarches onusiennes visant à “assurer un climat sûr et stable” en Haïti, se sont successivement succédés, dans le pays, la Mission d’Appui des Nations-Unies en Haïti (Manuh), la Mission de transition des Nations-Unies en Haïti (Mitnuh), la Mission de la police civile des Nations-Unies en Haïti (Miponuh) et la Minustah, encore opérationnelle en juin 2010. [rc apr 1er/06/2010 0:30]