Par Roody Edmé*
Spécial pour AlterPresse
L’expression n’est pas de nous, mais du principal responsable de la Banque Mondiale, Robert Zoelick. Il commentait ainsi les initiatives audacieuses prises à l’échelle de la planète par les pays émergents. Force en effet est de constater que quelque chose est en train de changer dans les rapports Nord-Sud. Et que le Sud refuse désormais de rester à sa place. De nombreux pays émergents ou en voie d’émergence sont décidés à réécrire la grammaire des relations internationales en inventant une pro-active coopération Sud-Sud.
L’aide massive de Cuba pour la refonte totale du système de santé en Haïti et qui a occasionné une rencontre au plus haut niveau à Washington avec des officiels américains, la première du genre, depuis la guerre froide participe de l’importance stratégique de l’intervention sanitaire cubaine. Un programme qui ambitionne de desservir 2 millions 800.000 patients annuellement, de répondre à 1 million 300 mille urgences médicales et de mettre en place au niveau de l’espace haïtien 30 hôpitaux communautaires de référence avec en appui un hôpital national de spécialités de niveau tertiaire.
La proposition sénégalaise d’offrir un bout d’Afrique a des Haïtiens infortunés proclame à la face du monde une nouvelle solidarité…à un moment ou les frontières se ferment et que le « village global » remonte tous les « ponts levis » pour ne pas laisser entrer de pauvres migrants affolés par une planète en état de catastrophe permanent.
Le weekend dernier, le président de la République française a salué la contribution active des diplomaties brésilienne, sénégalaise, et syrienne à la libération de la jeune française Clotilde Rees détenue depuis plusieurs mois à Téhéran. Cette dernière avait été accusée d’espionnage et risquait de faire les frais d’un bras de fer entre Paris et Téhéran.
Quelques heures plus tard, s’affichait sur les écrans des salles des nouvelles du monde, un scoop qui fit perdre « le nord » à plus d’un…L’Iran d’Amadjinedad acceptait de faire enrichir une partie de son uranium en Turquie. Une concession qu’aucun des membres du gotha des grandes puissances n’a jamais pu arracher a un Amadjinedad vindicatif.
Voilà que le Brésil et la Turquie qui ont obtenu l’accord se mettent à jouer dans la cour des grands ! A franchir le rubicond du grand moyen orient jusqu’ici réserve stratégique des grandes puissances.
*Educateur, éditorialiste