P-au-P, 19 mai 2010 [AlterPresse] --- Plusieurs milliers de jeunes, filles et garçons, femmes et hommes, se sont offert un moment de répit sur la plage, au nord et au sud de la capitale Port-au-Prince, le mardi 18 mai 2010, date consacrée à la fête du bicolore bleu et rouge ainsi qu’à l’université, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Question, pour ces jeunes, d’observer une pause, loin de l’atmosphère tumultueuse de la zone métropolitaine de la capitale, en signe de décompression, plus de 4 mois après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
La plupart se sont déplacés en autobus de transport public, d’autres en véhicules privés, dans le cadre de ce qui est appelé en Haïti “une journée”, c’est-à-dire une promenade en groupe.
Écolières et écoliers, étudiantes et étudiants, membres de groupes religieux et culturels, jeunes voulant sortir en cercle familial, toutes et tous se sont donné rendez-vous, tôt dans la matinée du 18 mai, pour aller prendre une période de récréation.
En dehors des manifestations politiques officielles (membres de la présidence et du gouvernement de Joseph Jean Max Bellerive se réunissant à l’Arcahaie pour délivrer à nouveau des discours et des promesses, relatifs au futur développement d’Haïti) et des démonstrations de rue de partis et regroupements opposés au régime en place (qui réclament le départ du président René Garcia Préval et un changement d’orientation dans la gestion des affaires administratives du pays), des activités d’animation sur le symbolisme du drapeau national étaient organisées avec les enfants et les jeunes en divers endroits et localités.
Beaucoup de jeunes ont alors préparé des boîtes à lunch afin de disposer de rations et de boissons à consommer durant la journée sur la plage. D’autres sont allés, argent en poche, à la mer, aux abords de laquelle ils ont pu s’approvisionner en sandwiches, plats et boissons dans des restaurants ambulants érigés par des commerçants informels.
En faisant une évaluation sommaire des dépenses encourues, ce sont plusieurs centaines de milliers de gourdes (US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 55.00 gourdes aujourd’hui) qui ont été nécessaires pour l’ensemble de ces manifestations récréatives à l’occasion du 18 mai, fête du drapeau et de l’université. Il s’agit de ressources financières, propres de la population, qui contribuent quotidiennement à entretenir l’économie nationale, relève AlterPresse.
Reflet de la vie réelle de la population, loin de l’agitation de ces dernières semaines, ce mouvement de jeunes se récréant à la plage ne semble pas préoccuper les politiques, qui ne font nullement cas des besoins et desiderata de la population, encore affectée par le tremblement de terre du 12 janvier et la poursuite des répliques telluriques.
En effet, revenant de la plage, un nombre important de jeunes ont éprouvé des difficultés à trouver des véhicules de transport public, afin de pouvoir regagner leurs maisons avant la tombée de la nuit.
Ce mouvement de foule, de plusieurs jeunes circulant calmement à pied vers la fin de l’après-midi du 18 mai 2010, a eu lieu, malgré les bouchons (embouteillages considérables), malgré la poussière, conséquence des décombres étalés çà et là (non encore enlevés par les services publics compétents) et de quelques glissements de terrain dans les mornes surplombant les routes nationales et où des habitats sont érigés sans contrôle et en dehors des normes de construction requises.
Plusieurs jeunes, portant sacs au dos, thermos et autres, ont alors décidé de prendre, à pied, le chemin du retour, montrant un défilé impressionnant de personnes des deux côtés des routes nationales (notamment sur la nationale No 2, entre Mariani et Léogane, à une trentaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince).
En l’absence d’agents de la police nationale d’Haïti (Pnh), préposés à cette tâche, des jeunes ont pris la responsabilité, ce 18 mai, d’aider à réguler, en certains endroits, le flux de véhicules et rendre plus fluide la circulation automobile, face aux tentatives désordonnées de certains chauffeurs d’improviser des voies de passage à tout bout de champ.
“Aujourd’hui, la rue nous appartient”, déclare un jeune homme, exécutant, avec fierté, avec des mots quelque peu provocateurs, des pas de danse hip hop sur la chaussée, en compagnie d’autres jeunes.
Après s’être amusés à la plage, ces jeunes se sont donnés dans des exercices sportifs de marche à pied qui, en plus de leur caractère salutaire pour la santé physique et mentale, constituent une pratique quotidienne partout en Haïti.
En relation avec ces manifestations récréatives et de détente sur la plage, ce mardi 18 mai 2010, d’aucuns évoquent une journée de thérapie collective, décidée par la population elle-même (sans aucun apport d’institutions publiques), certes informelle, mais combien essentielle à l’équilibre psychoémotionnel, plus de 4 mois après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010 en Haïti. [rc apr 19/05/2010 0:00]