P-au-P., 30 avr. 2010 [AlterPresse] --- L’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits humains en Haïti, Michel Forst, a appelé à un « moratoire » sur les expulsions de personnes déplacées des espaces dans lesquels elles se sont réfugiées suite au séisme du 12 janvier.
« Ces personnes doivent être avant tout protégées des évictions illégales », en attendant la mise en place « d’une véritable stratégie nationale par le gouvernement qui devra à la fois garantir le droit de propriété, protéger le droit à l’éducation et le droit de mener une vie décente », a déclaré l’expert lors d’une conférence de presse le 29 avril à Port-au-Prince.
Environ 1.2 millions de personnes se sont retrouvées sans abri suite au séisme qui a sévèrement frappé la capitale et plusieurs autres villes avec un bilan officiel de 300.000 morts.
1.290 familles qui vivaient dans un camp à risque à Pétion Ville (périphérie est) ont été relogées à Corail Cesselesse (Croix-des-Bouquets / nord de la capitale), tandis que 512 autres familles ont été relogées à Tabarre (périphérie nord-est), selon la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH).
Cependant l’ONG internationale Médecins du Monde (MDM) a fait part d’inquiétudes à propos d’évacuations forcées de personnes déplacées.
Michel Forst met l’accent sur les risques de violence notamment de violences sexuelles qui ont augmenté après le séisme et qui touchent particulièrement les personnes déplacées.
Il a ainsi profité de l’occasion pour attirer l’attention de la communauté internationale et des autorités haïtiennes sur la situation des femmes mais aussi des enfants qui se trouvent exposés à la prostitution, aux réseaux de pédophilie et à l’adoption illégale.
Pour cela l’expert de l’Onu a demandé de « redoubler de vigilance » à la frontière avec la République Dominicaine.
Forst se dit « inquiet et confiant » par rapport à la situation qui prévaut actuellement en Haiti, où il y a de grands défis à relever, mais également où le peuple a la capacité de « construire le pays de ses rêves ».
Toutefois, il souligné que les responsables de la reconstruction « doivent veiller à ne pas recréer les mêmes facteurs susceptibles de perpétuer les inégalités ».
Par ailleurs, Michel Forst s’est exprimé sur la prorogation pour 18 mois de l’État d’urgence, approuvée par les deux chambres.
Cette loi, qui suscite des remous dans l’opinion publique, a été adoptée « dans les formes légales » et elle ne fait peser « aucune menace » sur les droits et libertés, opine-t-il.
L’expert a fait ces considérations au terme d’une mission de 10 jours au cours de laquelle il a rencontré les responsables de l’Etat et ceux des organisations de défense de droits humains. [kft gp apr 30/04/2010 14 :10]