Par Francesca Théosmy
P-au-P, 22 avril 2010 [AlterPresse] --- Les collaborateurs, à Cité Soleil (municipalité au nord de Port-au-Prince), du coopérant français Jean Christophe Fernandes, décédé à 24 ans, lors du séisme du mardi 12 janvier 2010, souhaitent que son sang alimente le processus de développement d’Haïti, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPressse.
Ils ont exprimé leur vœux durant une cérémonie, marquée par une intense émotion, le 18 avril 2010, à Cité Soleil (périphérie nord), en présence de plus d’une centaine de personnes, Haïtiens et Français, au Centre athlétique d’Haïti.
Arrivé au pays, depuis seulement un an, Jean Christophe Fernandes avait réussi à gagner le cœur des habitantes et habitants de Cité Soleil, où il travaillait à l’implantation d’un projet de centre de valorisation des déchets.
« Je souhaite que son sang serve d’engrais, afin d’alimenter le développement que nous projetons pour ce pays », a déclaré Robert Duval, responsable du Centre athlétique d’Haïti et ancien collaborateur de Jean Christophe Fernandes.
Ses autres collègues et compatriotes, la gorge nouée, lui ont, eux aussi, rendu hommage, soulignant comment il a pu « partager espoir et conviction avec tous ceux qui ont travaillé avec lui ».
Alain Sauval, chef de la coopération française, n’a pas pu retenir ses larmes, en décrivant le souvenir qu’il garde du jeune scientifique, celui de « quelqu’un d’extrêmement sincère, ouvert, curieux et avec une souplesse du cœur ».
« Moi, ce qui m’a marqué, c’est qu’il a réussi à faire une seule communauté de Français et d’Haïtiens », a souligné Paul Vermande, président du Collectif Haïti de France, une association française de solidarité avec Haïti.
Les différents intervenants ont, en général, campé l’image d’un jeune homme simple, ayant l’approche aisée avec les habitants de Cite Soleil et les responsables des milieux diplomatiques ainsi que les officiels haïtiens, auprès desquels il défendait le projet.
Un prix Jean Christophe Fernandes
La coopération française entend créer un prix Jean Christophe Fernandes, qui serait attribué tous les ans à un jeune chercheur haïtien, qui se serait distingué en faveur de la reconstruction du pays dans le domaine des sciences de l’environnement, a fait savoir Alain Sauval.
Au cœur du centre de valorisation des déchets, amis et collaborateurs ont mis en terre un manguier, pour préserver symboliquement la mémoire de Jean Christophe Fernandes.
Son portrait a également été dessiné sur un mur, construit spécialement dans l’idée de garder son image sur le site de l’athlétique d’Haïti qui héberge le projet qu’il a aidé à mettre sur pied.
A l’origine, le Centre francophone de recherche partenariale sur l’assainissement, les déchets et l’environnement (Cefrepade) souhaitait que des recherches soient réalisées en Haïti sur la valorisation des déchets.
Le jeune Fernandes a travaillé durement pour implanter le centre, en dépit des moyens limités et parfois des déceptions devant le comportement des officiels haïtiens souvent soucieux de solution individuelle, a-t-il été rapporté à travers les témoignages.
Le centre compte aujourd’hui plus d’une dizaine d’employés et effectue, entre autres, la transformation des déchets organiques en compost et les déchets papier ou carton en briquettes de combustible.
La cérémonie de commémoration s’est également déroulée dans la joie, avec notamment les prestations musicales d’un groupe de troubadours et un numéro époustouflant des Cirques d’Haïti.
Au terme de la cérémonie de commémoration, un nouvel espace a été inauguré pour accueillir le centre, qui portera désormais le nom de Jean Christophe Fernandes.
« Si ça marche, et je suis sur que ça va marcher, on pourrait créer plusieurs centres comme ça. On pourrait vraiment nettoyer Cité Soleil On pourrait donner de l’espoir à ces gens et surtout on pourrait montrer à tout le monde que, dans ce coin perdu, oublié par Dieu […], les gens peuvent toujours créer quelque chose de bien. Pas avec l’argent des institutions internationales et des grandes Organisations non gouvernementales (Ong), mais avec la solidarité humaine », avait, un jour, dit Jean Christophe Fernandes. [kft gp apr 22/04/2010 09:00]