P-au-P., 08 avr. 2010 [AlterPresse] --- La situation politique semble se corser au moment où la chambre des députés doit se pencher sur un nouveau projet de loi à propos de l’État d’urgence, à la veille des 3 mois du terrible seisme du 12 janvier en Haiti.
Une coalition d’une quarantaine d’organisations socio-politiques rejette le document soumis au parlement par le président René Préval en vue d’une prolongation de l’état d’urgence pour une période de 18 mois.
Les signataires, dont la plateforme politique Alternative, qualifient le nouveau projet de loi d’« immoral » et « illégal ».
« Nous lançons une grande concertation au niveau national pour combattre la politique illégale et immorale que conduit Monsieur (président René) Préval, après la catastrophe du 12 janvier », déclare à AlterPresse Evans Paul, dirigeant de l’Alternative.
Il souligne que la constitution haïtienne ne prévoit pas d’État d’urgence, même si une précédente loi a été votée en 2008 au lendemain du désastre causé par le passage de plusieurs cyclones.
Paul fait remarquer que le nouveau projet de loi d’urgence a été soumis à l’assemblée nationale, tandis que cette dernière n’a pas la prérogative de voter des lois, si ce n’est qu’en chambres séparées.
« Nous ne reconnaitrons pas cette loi et nous n’allons reconnaître aucune action (politique ou économique) qui en découlerait », prévient-il.
Selon lui la loi d’urgence de 2008 a permis de dépenser 197 millions de dollars « sans explication claire jusqu’à présent », tandis que, depuis le 12 janvier, 163 millions de dollars ont été déboursés par le gouvernement, « sans aucune trace », soutient-il.
Il y aurait peu de chance que les députés se prononcent ce 8 avril sur le nouveau projet de loi, à cause de la difficulté d’assurer le quorum nécessaire, indique à AlterPresse une source parlementaire.
D’autre part, Paul critique le fait que la loi d’urgence mentionne la Commission Intérimaire pour la Reconstruction de Haïti (CIRH), une structure « ponctuelle » composée d’Haitiens et d’étrangers, coprésidée par le premier ministre Jean Max Bellerive et l’envoyé spécial de l’ONU, l’ex président américain William Clinton.
Il plaide en faveur de la création de deux structures séparées, soit une commission haïtienne responsable par-devant la population haïtienne et une autre commission étrangère d’appui à la première.
Dans certains milieux diplomatiques contactés par AlterPresse, on estime que sans la CIRH, la communauté internationale n’aurait pas accepté de promettre près de 10 milliards d’aide à Haiti lors de la conférence de New York du 31 mars dernier.
Des secteurs politiques consultés par AlterPresse se demandent comment cette nouvelle formule mise en place va-t-elle véritablement se concrétiser et fonctionner. [gp apr 08/04/2010 04 :00]