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AMD-Haiti / Promouvoir le Créole dans la Société de l’Information

Compte-rendu par Gotson Pierre

P-au-P., 1 déc. 03 [AlterPresse] --- Des dispositions doivent être prises par divers secteurs de la société haïtienne pour promouvoir la langue Créole dans la société de l’information. Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus les participants à un récent débat organisé à la Faculté des Sciences Humaines, à Port-au-Prince, sur le thème « le Créole dans la Société de l’Information ».

Ce débat, organisé le 28 octobre 2003, journée internationale de la langue Créole, par l’Association des Amis du Monde Diplomatique - Haiti (AMD-Haiti) a été introduite par le journaliste/linguiste Stéphane Pierre-Paul, Rédacteur en Chef de Radio Kiskeya et l’ingénieur Raymond Noà« l, Directeur National du projet des Nations Unies sur la Société de l’Information.

A quelques semaines du Sommet Mondial sur la Société de l’Information, prévu à Genève, Stéphane Pierre-Paul a estimé que le Créole sur Internet peut servir de véhicule d’information, d’éducation et de promotion culturelle.

Notant que le statut du Créole évolue positivement de jour en jour, Pierre-Paul a indiqué qu’ « aucune barrière sociale » n’empêche à cette langue d’ « envahir Internet ».

La présence de contenu en Créole sur les sites haïtiens revêt divers avantages, selon le journaliste/linguiste. Elle est susceptible de contribuer à renforcer le statut du Créole en tant que langue écrite, favoriser la pratique de lecture du Créole et combler le manque de texte créole dans les circuits médiatiques.

Sur le plan de l’éducation, Stéphane Pierre-Paul croit que Haïti pourrait profiter de l’Internet en s’en servant pour des programmes d’enseignement à distance en Créole et d’alphabétisation. Cependant, pour mener à bien de tels projets, a-t-il souligné, le pays devrait s’assurer des ressources suffisantes en matière de traduction.

Au plan culturel, le journaliste/linguiste a noté les avantages qu’offrent l’Internet en matière de publication. A travers le réseau, la littérature Créole et divers autres éléments culturels haïtiens peuvent bénéficier de la plus grande circulation, a-t-il indiqué, en faisant référence à une population créolophone d’environ 10 millions de personnes, dont des communautés haïtiennes de l’étranger.

Mise à disposition de l’information scientifique en Créole sur Internet et forums de discussion en Créole n’ont pas été laissé de coté, avec des résultats allant dans le sens d’un « grand progrès de la créolophonie ».

Le Directeur National du projet des Nations Unies sur la Société de l’Information, Raymond Noà« l, a fait savoir que dans le cadre de la Société de l’Information en tant que « société d’inclusion », la langue représente « un facteur important ». Voilà pourquoi « nous devons lutter en faveur de la promotion du Créole », a-t-il martelé.

Cela ne va pas être une lutte facile, a souligné l’ingénieur Raymond Noà« l. Stratégiquement, a-t-il dit, elle devra être conduite en alliance avec les autres luttes pour le respect des « langues minoritaires ».

La bataille du Créole dans la Société de l’Information concerne toute la société, a soutenu Raymond Noà« l. Il a toutefois insisté sur le rôle de l’université et de l’appareil gouvernemental afin de conduire des recherches appropriées et d’établir les politiques adéquates. « La connexion à Internet ne suffit pas. Elle doit être articulée à une réalité sociale », a fait remarquer l’ingénieur Noà« l.

Les participants ont profité du débat pour poser diverses questions liées au statut du Créole dans la société haïtienne. Cependant plusieurs intervenants ont soulevé des inquiétudes quant à la situation d’Haïti dans la Société de l’Information. « Qu’allons-nous apporter à la Société de l’Information », s’est on interrogé.

Certains ont estimé que toute volonté de promouvoir le Créole dans la Société de l’Information devait s’accompagner d’une démarche de concertation, passant par un débat national, sans sectarisme.

D’autres ont estimé qu’il ne peut y avoir valorisation de la langue sans production nationale. La nécessité d’une académie créole et d’une commission technologique a également été évoquée. [gp apr 01/12/2003 21:00]