P-au-P, 23 fév. 2010 [AlterPresse] --- Le président René Préval déclare qu’il entend consacrer le maximum de temps à la question des abris provisoires pour les 1,5 million de sinistrés de la catastrophe provoquée par le séisme du 12 janvier dernier, dont le bilan pourrait atteindre les 300.000 morts.
« A présent je vais consacrer tout mon temps, toute mon énergie à cette question d’abris provisoires », confie Préval durant une rencontre avec la presse lors du passage en Haiti le 20 février de la présidente chilienne, Michelle Bachelet.
1,2 million de personnes vivent dans des abris de fortune et plus de 500 000 sont des déplacés, selon le dernier bilan de la direction nationale de la protection civile.
L’inquiétude ne fait que grandir face à la saison pluvieuse qui s’approche inexorablement.
Les dernières pluies ne représentent rien devant « les déchainements diluviens de la vraie saison pluvieuse », souligne le chef de l’État.
La question des abris provisoires en tant que priorité s’inscrit dans l’urgence, phase qui n’a pas encore été dépassée après plus d’un mois, si l’on en croit les propos de la présidente de médecins sans frontière, le docteur Marie-Pierre Allié pour qui « accélérer le rythme de distribution d’abris est primordial ».
Des dizaines de milliers de tentes et de bâches ont été distribuées jusqu’ici selon le gouvernement.
Cependant, pour le responsable de la commission des abris provisoires, Charles Clermont, les tentes ne sont pas la solution au problème des abris. Le principal enjeu actuel de la relocalisation des sinistrés du 12 janvier concerne le drainage des canaux dans la perspective de la saison des pluies, estime-t-il.
« Il y a un certain nombre de tentes et de bâches qui ont été distribuées mais ce n’est évidemment pas la solution, parce que la solution doit tenir compte du fait qu’il existe un problème pendant, celui des canaux, du système de drainage de la ville de Port-au-Prince », explique Clermont.
Il existe certaines « zones potentiellement inondables » dans la capitale particulièrement, parmi elles des sites abritant des centres d’hébergement.
En même temps les organisations humanitaires émettent des préoccupations sur les conditions de vie dans les centres d’hébergement.
« Quand des centaines de milliers de familles vivent sans protection contre les intempéries, regroupées sur des sites surpeuplés, avec très peu de latrines, le risque sanitaire est important. Il n’y a pas d’épidémies enregistrées à ce jour mais ces conditions de vie sont favorables à la propagation de nombreuses maladies, notamment les diarrhées et les infections cutanées », estime le docteur Allié.
De plus, les habitants des centres d’hébergement font face au problème de l’assainissement. Selon l’organisation panaméricaine de santé, il faudrait construire 21 000 latrines dans les six mois à venir pour répondre au risque d’épidémies.
La direction de la protection civile a affirmé pour sa part qu’un certain nombre de cas de malaria, de typhoïde et de diarrhée ont été diagnostiqués dans les centres de santé mais on ignore si le gouvernement dispose d’un plan pour faire face aux risques potentiels d’épidémies.
De nombreux médecins étrangers membres de missions humanitaires ont quitté le pays alors que leurs patients nécessitent notamment des chirurgies de reprise et des soins post-opératoires complets, a fait savoir la présidente de Médecins Sans Frontières qui juge ces départs prématurés.
Les estimations disponibles de l’organisation panaméricaine de santé font état de 29 établissements de santé qui ont été frappé par le tremblement de terre et la réhabilitation du secteur de la santé réclamerait un montant de 134 millions de dollars. [kft gp apr 23/02/2010 08 :00]