P-au-P, 17 février 2010 [AlterPresse] --- Des politiques sociales pour les femmes et les filles sont les piliers de la reconstruction en Haïti, indique la commission économique pour l’Amérique Latine (Cepal) dans une étude dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Tout comme les infrastructures physiques doivent être rebâties, il est nécessaire d’investir dans des infrastructures sociales pour faciliter le travail de soin aux enfants. Un des piliers de la reconstruction d’Haïti doit être des politiques sociales orientées vers le soin des enfants, et permettant d’éviter qu’elle ne repose exclusivement sur les femmes », souligne la secrétaire exécutive de la Cepal, Alicia Bàrcena.
Près de 60% du marché du travail infantile en Haïti correspond à des filles qui, au lieu d’aller à l’école, s’occupent de tiers, informe une étude de la Cepal intitulée « L’économie du soin aux enfants en Haïti », parue cette semaine.
Dans un pays où c’est la famille qui doit assumer les soins, des enfants sont souvent amenés à s’occuper d’autres enfants, parfois même dans d’autres foyers que le leur.
Le nombre de mères, qui placent leurs enfants dans des garderies, est de moins de 1%.
De plus, seuls 2% des filles et garçons de moins de 5 ans reçoivent une éducation préscolaire et sont laissés à leurs sœurs ou frères plus âgés, qui s’occupent d’eux tandis que leurs mères travaillent, ajoute l’étude, précisant qu’il s’agit là d’une pratique généralisée.
A cause de leur travail, les mères sont amenées à confier leurs enfants à des parents ou des familles en Haïti, comme dans les pays voisins.
Cette situation fait l’affaire des trafiquants de tout poil, y compris les trafiquants sexuels, alerte l’étude.
« Les politiques de l’Etat en matière de soins de la première enfance sont très faibles, et les conditions d’extrême pauvreté, dans lesquelles vit la grande majorité de la population et qui se sont aggravées depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, non seulement empêchent la scolarisation des enfants et des jeunes, mais conduisent également à la désintégration des familles », souligne le document.
Voulant rendre un hommage aux personnes décédées et autres victimes (survivantes et survivants) du séisme du 12 janvier, les auteurs de cette étude de la Cepal saluent particulièrement la mémoire de Myriam Merlet, Anne-Marie Coriolan et Magalie Marcelin, trois militantes féministes qui ont lutté pour instaurer la parité en Haïti. [kft rc apr 18/02/2010 11:23]