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Haïti-Séisme : Sarkozy promet une contribution de plus de 300 millions d’euros à la reconstruction

Annulation de la dette d’Haïti envers la France

P-au-P, 17 février 2010 [AlterPresse] --- Pour la première visite d’un chef d’Etat de l’ancienne métropole dans une ancienne colonie (devenue la première république noire), le président français, Nicolas Sarkozy, a promis, ce 17 février, une participation de son pays de 326 millions d’euros (1 euro = 55.00 gourdes) à la reconstruction d’Haïti, frappée par un séisme dévastateur le 12 janvier dernier.

Debout, côte à côte, dans la cour du Palais national en ruine, à Port-au-Prince, le chef de l’Etat haïtien, René Préval, et son homologue français ont rappelé l’histoire douloureuse qui unit les deux nations, notamment celle de la colonisation et du paiement, par Haïti, de 90 millions de francs or pour la reconnaissance de son indépendance, proclamée le 1er janvier 1804 à la suite d’une victoire héroïque contre l’armée de Napoléon Bonaparte.

« La colonisation, l’esclavage, les conditions de la reconnaissance de notre indépendance ont fait mal, font encore mal aujourd’hui quand on y pense », souligne Préval qui a remercié, lors d’une conférence de presse conjointe, son homologue français pour le support de son pays depuis le séisme.

La contribution financière, annoncée par Sarkozy, inclut, entre autres, le montant correspondant à l’annulation de la dette (envers la France) évaluée à 56 millions d’euros et une aide budgétaire de 20 millions d’euros par an pendant 2 ans.

« La France sera avec vous sur le long terme », promet Sarkozy, qui insiste pour que le gouvernement « définisse les conditions d’un consensus national pour poser les bases de projets nationaux ».

« Haïti pour les Haïtiens », martèle t-il.

L’ancienne métropole compte participer évidemment à la conférence sur la reconstruction d’Haïti, le 31 mars 2010, pendant laquelle elle compte plaider pour des investissements privés favorisant l’émergence de ce secteur.

« Il ne faut pas condamner Haïti à l’assistanat et tuer toute émergence du secteur privé, parce que l’aide humanitaire remplirait, en lieu et place du secteur privé, ce dont votre pays a besoin », explique Sarkozy.

« Bien sûr, il y a l’aide internationale, mais la meilleure aide, c’est celle qui permettra de réaliser des investissements … favorisant une véritable économie haïtienne », poursuit-il.

Entre-temps, la France compte mettre à la disposition de l’Etat haïtien un terrain d’un hectare pour le relogement des services publics, mis à mal par le séisme. De plus, elle fournira des logements temporaires pour environ 200,000 personnes, grâce à 1,000 tentes et 16,000 bâches.

Plusieurs dizaines de tonnes d’engrais et de semences sont également offerts par le gouvernement français.

Des agents de la police nationale d’Haïti (Pnh) et des sapeurs pompiers recevront une formation, et bientôt 102 véhicules légers et 40 véhicules tout terrain devraient arriver pour renforcer la Pnh dans sa chasse aux 300 criminels les plus dangereux, encore en cavale depuis le 12 janvier.

Un escadron supplémentaire de 200 gendarmes français sont, d’autre part, attendus dans le cadre du soutien à la sécurité publique.

L’Etat français se propose de reconstruire l’hôpital de l’université d’Etat d’Haïti (Ueh) et de restaurer le tableau « Le serment des ancêtres » de Guillaume Guillon-Lethière [1].

Depuis le séisme du 12 janvier, la France a déjà engagé 24 millions d’euros en aide humanitaire en Haïti.

Premier chef d’Etat français à visiter l’ancienne St Saint-Saint-Domingue, Nicolas Sarkozy a formé le vœu visiter à nouveau Haïti.

« J’espère revenir en Haïti pour juger de l’importance des travaux de reconstruction. Rien ne me ferait plus plaisir que de revenir l’année prochaine et de constater que des chantiers sont en cours et qu’’une vie normale puisse recommencer dans votre pays », souhaite-t-il. [kft rc apr 17/02/2010 13 :29]


[1Retrouvé dans les décombres du palais national, le tableau "Serment des ancêtres" a subi de grandes déchirures dans le tremblement de terre du 12 janvier. Le Centre de recherche et de restauration des musées de France assurera, à Port-au-Prince, sa restauration, avait déjà annoncé, le vendredi 12 février, le ministre français de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand.