Par Ronald Colbert
P-au-P., 11 fév. 2010 [AlterPresse] --- Un mois après le tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter - qui a officiellement causé le 12 janvier 212,000 morts, plus de 300,000 blessés, plus de 4.000 amputés et 1,3 million de sinistrés -, les habitants de divers endroits d’Haïti, particulièrement dans la zone métropolitaine de la capitale (Port-au-Prince, Delmas, Carrefour, Pétionville, plaine du Cul de Sac et autres), à Léogane et Petit-Goâve (respectivement à 30 et 68 kilomètres de P-au-P), commencent peu à peu à s’accoutumer à de nouveaux modes de vie.
Désormais, l’alerte à la vigilance étant encore maintenue face à de probables répliques, chacune et chacun essaie de vivre dans des abris provisoires, faits de matériels de fortune (parfois de draps, de tôles et de bois ainsi que de bâches en plastique) ou dans des tentes en plastique (le cas échéant).
Des leçons sur l’existence sont proclamées de part et d’autre, avec la disparition d’êtres humains et de matériels (immeubles et autres) en une poignée de secondes.
C’est l’heure du bilan des pertes enregistrées, de la planification d’actions futures de reconstruction à établir sur de nouvelles normes.
Aucune information n’est disponible à date sur l’ensemble des donations reçues de l’étranger depuis le 12 janvier.
L’impact du séisme sur l’environnement physique n’est pas encore analysé.
La mer a franchi plusieurs mètres à l’intérieur des terres à Petit-Goâve, tandis qu’elle s’était retirée sur quelques kilomètres (quelques heures après le séisme) à la frontière d’Anse-à-Pitres / Pedernales (Sud-Est de l’île d’Haïti).
Après le tremblement de terre, de larges fissures sont encore remarquables sur la chaussée des routes nationales 1 et 2, en direction nord et sud de la capitale.
Les sans abris craignent surtout des pluies qui ne feraient qu’aggraver les conditions de survie.
Depuis la deuxième semaine de la catastrophe, des tracteurs de la compagnie nationale des équipements (Cne) sont mis à contribution pour transporter les cadavres dans des fosses communes et pour procéder à la démolition des édifices menaçant de s’écrouler.
Les tâches immenses de déblaiement sont effectuées par des gens vêtus de maillots jaunes (portant la mention “Gouvernement haïtien” et appelant à un sursaut de la population “an n leve kanpe”) ou de maillots bleus (fournis dans le cadre de travaux à haute intensité de main-d’oeuvre sous les auspices du programme des Nations Unies pour le développement – Pnud).
Des opportunités sont dégagées de la catastrophe par des gens du secteur informel qui, avec des batteries, offrent le service de recharge de téléphones cellulaires, dans une période où l’énergie publique alimente seulement 13 sur 32 circuits de distribution dans le département géographique de l’Ouest (incluant Port-au-Prince).
Plus de 85 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 40.00 gourdes aujourd’hui ; 1 euro = 60.00 gourdes actuellement) seraient nécessaires pour le fonctionnement normal de l’Électricité d’Haïti, font savoir les administrateurs de cette compagnie publique.
Cependant, l’insatisfaction demeure chez beaucoup de survivants qui, n’ayant pas constaté une véritable prise en main étatique de l’aide et des dispositions de reconstruction, dénoncent l’inaction apparente des autorités, notamment pour enrayer et prévenir les constructions anarchiques.
Vendredi dernier 5 février, de nombreuses personnes ont manifesté devant le local de la direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), à proximité de l’aéroport international, devenu siège du gouvernement depuis la catastrophe, pour réclamer une meilleure coordination de l’assistance aux survivantes et survivants.
Différents partis politiques demandent également de nouvelles orientations de la politique publique, que devrait assumer un nouveau gouvernement de salut public.
Après la catastrophe, les autorités nationales ont mis gratuitement des autobus à la disposition de la population en vue de décongestionner la capitale et ramener les survivants dans différentes villes de province.
Une stratégie pour les sans abris et les personnes déplacées est envisagée, sans aucun délai précis de mise en oeuvre. Un ensemble de terrains ont été déclarés “espaces d’utilité publique” par les autorités en vue de recevoir des personnes sinistrées.
Une campagne de vaccination, contre la rougeole, la diphtérie et le tétanos, a débuté le 8 février pour immuniser 140,000 personnes en deux semaines.
Rien n’est indiqué quant aux dispositions de structure d’attention médicale pour les personnes souffrant de traumatisme psychologique. Néanmoins, les centres hospitaliers d’urgence commencent, depuis quelques jours, par recevoir des cas plutôt “classiques” de personnes blessées portant des signes de la catastrophe, tels des infections ou des plaies mal renfermées.
L’ensemble des activités régulières a repris depuis 2 semaines, sans aucune consigne de sensibilisation sur les attitudes à adopter en cas de nouvelles secousses sismiques. Seulement, les responsables du bureau des mines invitent la population à faire examiner les maisons par des ingénieurs qualifiés.
La mobilisation est davantage constatée chez les organisation non gouvernementales (Ong) qui, en plus de l’aide apportée, tentent de canaliser l’urgence vers des actions plus durables, comme l’articulation des actions entre les familles partageant une même aire d’abris, l’utilisation des services d’artisans et de marchandes communautaires pour des aménagements pertinents et la fourniture de repas chauds. [rc gp apr 11/02/2010 00 :30]