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Haïti-Séisme : Rebattre les cartes après le 12 janvier

Par Suzy Castor *

Soumis à AlterPresse le 9 février 2010

A la mémoire du professeur Jean Anil Louis-Juste
vilement assassiné, quelques heures avant le séisme

Nous sommes tous des rescapés du 12 janvier 2010.

Trente trois secondes de ce tremblement de terre, d’une magnitude de 7 degrés sur l’échelle de Richter, accusent un bilan catastrophique : 200 000 morts [1], 250,000 blessés, les plus de 4 000 mutilés physiques, des millions de traumatisés psychologiques, 1,5 million de nouveaux sans logis, plus de 500 000 déplacés, des pertes matérielles et des drames à dimension individuelle, familiale, organisationnelle et nationale.

Un tremblement de terre bouleversant

Chaque Haïtien de la zone métropolitaine et des communes avoisinantes a gravé dans sa mémoire ce moment, de l’espace d’un cillement, qui lui a laissé des traces indélébiles.

On se rappelle dans les moindres détails les faits et les sensations de ce moment…. On réfléchit encore sur cette minute, sur cette décision, sur ce geste qui a été fait ou qui n’a pas été fait et qui a scellé la différence entre la vie et la mort…

Nous poursuivent avec ténacité, les appels sans écho dans la recherche d’un être cher, l’espoir même devant l’évidence, l’angoisse de ne pouvoir sortir vivant ceux qui communiquent encore sous les décombres, l’effondrement de maisons, d’édifices, de maisonnettes, fruit de tant de sacrifices, qui ont emporté sans appel, les souvenirs de toute une vie, le regard hagard des survivants exprimant leur désarroi et leurs interrogations …

Les pertes immatérielles, encore impossibles à évaluer, approfondissent encore davantage le vide que nous ressentons tous.. La découverte de l’horreur, qui, avec pudeur ou comme effet de théâtre, s’est révélée et se révèle encore à nous, peu à peu, dans toute sa dimension…

Et la vie doit continuer malgré les frustrations, les peines, les carences de toute sortes et surtout le gouffre de l’absence d’êtres chers, avec ces blessures vives ou cette tristesse ténue qui nous enveloppe.

Chapeau a la solidarité inter haïtienne !

Si malgré l’absence du gouvernement, de la MINUSTAH, de la police nationale, des pompiers, de l’aide internationale, le pays a pu survivre du chaos des quatre longs…longs, premiers jours ; si le feu et la violence ne se sont pas immédiatement donné rendez-vous lors de cette catastrophe naturelle ; si, malgré tout, la vie a continué et s’est organisée, c’est grâce à cette solidarité et même à l’héroïsme d’un grand nombre d’Haïtiens, de tous âges et de toutes les catégories sociales.

En dehors de toute organisation, avec littéralement les mains nues, des brigades de citoyens et de secouristes bénévoles se sont constituées pour le sauvetage des survivants sous les décombres ou pour assister les blessés avec peu de moyens et beaucoup d’ingéniosité. Des draps blancs, surgis on ne sait d’où, ont vainement essayé de donner une certaine dignité à ces milliers de cadavres de parents, d’amis ou simplement d’inconnus.

Au milieu de cet effondrement apocalyptique de la ville et des symboles de l’Etat, beaucoup, peut-être avec naïveté et même ingénuité, nous nous sommes mis a rêver de voir au petit matin du 13 janvier, le Président, debout devant le palais national fortement ébréché, accompagné du gouvernement et de tous les anciens présidents de la république qui ont vécu, dans leur chair, les affres de ces secondes.

Nous désirions tellement, dans cette nouvelle épreuve, entendre une adresse à la nation, appelant à resserrer les rangs, à mobiliser toutes les forces pour sauver la patrie en danger, annoncer immédiatement certaines mesures d’appui avec nos faibles moyens, rappeler que nous formons une seule nation et un seul pays, et affirmer avec conviction que dans cette nouvelle étape de notre vie de peuple rien ne saurait continuer comme avant le 12 janvier…Dommage !

Nous nous découvrons devant le représentant spécial des Nations Unies (NU), Heidi Annabi, les environ 200 professionnels chevronnés ou jeunes, civils ou militaires provenant de 25 pays, fauchés dans le cadre de leur mission internationale.

La clameur de la solidarité des gouvernements et des peuples s’est élevée de façon extraordinaire. La chaleur des amis de l’extérieur nous a communiqué, à tout moment, beaucoup de force. Les voix de la voisine République Dominicaine, de Cuba, de l’Amérique du Nord, du Canada, de l’Amérique Latine, de l’Europe et des quatre coins du monde ont communié intensément avec Haïti dans sa douleur, et se sont mis immédiatement à la recherche d’une expression active d’appui à ce pays frère.

La toute première phase du post séisme, le sauvetage des survivants sous les décombres, est dépassée. Même s’il y a eu des faits incroyables, comme celui d’un bébé sorti vivant, après 10 jours des entrailles, d’un édifice écroulé ou de survivants rescapés après 14 jours, à l’heure actuelle, on peut affirmer qu’il n’y a plus de vie sous les décombres.

Alors, commence la longue route d’une nouvelle étape de l’urgence, de la réhabilitation et de la reconstruction immédiate, à court et moyen terme.

Les destructions matérielles ont atteint des niveaux insoupçonnés. La remise en état des édifices publics, (entre autres les palais présidentiel, législatif et de justice, les ministères etc.) des écoles, des églises, maisons de commerce, usines, des maisons privées, tant dans les bidonvilles que dans les quartiers de la classe moyenne ou de la bourgeoisie, des infrastructures détruites, et j’en passe, réclameront d’immenses moyens financiers.

Les pertes en vie humaine représentent le plus lourd bilan, car chaque vie est irremplaçable.

Cependant, on ne saurait ne pas souligner la disparition des centaines de cadres expérimentés ou de fonctionnaires entrainés de la structure permanente de la fonction publique. En outre, l’immédiat exode massif a drainé vers l’extérieur, peut-être de manière définitive, des milliers de professionnels, de jeunes universitaires, étudiants et écoliers.

Le manque de ressources humaines (dont souffre Haïti), accéléré à partir du 12 janvier, aura un fort impact sur le futur de la nation.

Un million et demi de sans logis ; des sources de travail dans les secteurs formels et informels volatilisées. Les retombées du séisme, loin de se circonscrire à la zone métropolitaine, ont profondément atteint tout le pays.

En effet, la macrocéphalie de Port-au-Prince, avec sa population impossible à gérer, a déversé, spontanément d’abord, puis encouragé par le gouvernement, près de 500 000 de réfugiés sur les provinces.

Ainsi, a été mise à nu l’absence de logements, d’infrastructures, de services et les grandes limitations administratives, financières de nos villes. Pointent déjà virtuellement, des problèmes encore plus grands, inhérents à cette nouvelle situation, si dès maintenant les dispositions adéquates pour les éviter ne sont immédiatement prises et appliquées.

Spontanément la décentralisation s’impose. Mais comment la gérer ?

Tout change pour les acteurs

Cette catastrophe, dépassant en magnitude tout ce que l’on pourrait imaginer, a été révélatrice des défaillances politiques et sociales.

Car, depuis déjà longtemps, les mises en garde, répétées des spécialistes et non spécialistes, laissaient présager le pire si aucune mesure n’était adoptée. La construction sauvage des riches villas et des misérables maisonnettes, flanquées sur les flancs des montagnes, ou la multiplication des villes misères, couchées dans le lit des nombreuses ravines, défiant toutes les règles de construction et d’urbanisme ; l’insalubrité, la déforestation, l’exploitation effrénée des carrières de sables du morne Hôpital, formaient l’ensemble de conditions d’une mort annoncée de la zone métropolitaine.

La solution des problèmes, il est vrai, en revient à tous les citoyens, mais elle incombe, en premier, lieu aux pouvoirs publics.

Au moment du séisme, si bien même, nous acceptons d’accorder au président et à ses ministres le bénéfice de la stupeur paralysante du premier moment – incontestablement inacceptable pour des dirigeants- il est grand temps de sentir la prise en mains de la situation par l’État et l’adoption de mesures exigées par la nouvelle situation.

L’incapacité de nos dirigeants, dans la prévision et la gestion de catastrophes, ainsi que leur complète dépendance de l’aide attendue de l’étranger ont été claires. Aucune orientation pour la gestion de l’aide humanitaire, aucun plan d’urgence ….

Si, depuis le 16 janvier, certaines mesures, peu à peu, sont adoptées, il n’en reste pas moins vrai que le plan stratégique gouvernemental, cohérent pour lancer le pays sur la voie de la reconstruction, et surtout l’appel à toutes les forces vives de la nation, rejetant toute position de clans et d’intérêts de groupes, n’ont pas encore été lancés jusqu’à date.

Nous avons élu un président pour cinq ans et son mandat se termine le 7 février 2011, soit trois cent soixante quatorze jours après ce 12 janvier !

Un ressaisissement réel du président et du gouvernement s’impose, sinon, l’aiguillon des pressions de la population devra les obliger à prendre les mesures indispensables, dont quelques-unes peuvent être impopulaires. A la hauteur de ce tournant historique le président devra définir son rôle, manifester son leadership et assurer la conduite du pays.

S’impose, pour lui, la nécessité de ressouder la nation, d’orienter la vision de la construction et reconstruction de nos infrastructures et structures et de projeter l’avenir. Il doit assumer, le cas échéant, le remaniement du gouvernement actuel, et prendre l’initiative de soumettre formellement une proposition aux partis politiques, aux divers secteurs de la société civile et à la population en général.

Peut-être n’est-il pas faux d’affirmer que le plus difficile nous attend et que la reconstruction et construction, greffées sur notre longue crise structurelle, seront longues…

Les partis politiques et la société civile organisée, qui malgré vents et marées, incompréhensions, avances et reculs, ont réalisé la lourde tache de leur structuration, doivent aborder, de façon consensuelle avec le gouvernement, cette conjoncture qui exige beaucoup de vision, de sacrifices, de dépassement de soi.

La faiblesse des partis politiques est patente.

Le mouvement de regroupements, initié (enfin !) depuis quelques temps, a trouvé un catalyseur pour arriver à offrir, malgré les intérêts différents, une alternative à la nation. Absents durant l’immédiat post cataclysme, ils doivent se construire dans un « macornage » avec la population, particulièrement en ce moment d’extrême souffrance, faire connaître leur programme et leur projet de société dans un langage accessible à tous les secteurs, car dans le monde contemporain, la communication demeure un instrument primordial.

Convertis en interlocuteurs obligés de l’exécutif et de l’international, leurs propositions (par exemple les 16 points présentés par l’Alternative) et leur mise en garde constructive devront orienter, toujours dans l’intérêt de la nation, l’adoption de mesures et contribuer a la solution des problèmes cruciaux du pays.

La société civile organisée a été aussi absente et elle est aussi faible. Ce post séisme lui offre l’occasion de se dynamiser, de s’organiser en secteurs pour offrir des propositions de solutions, capables d’assurer la bonne marche de la reconstruction dans ses différents aspects.

La synergie constructive avec les partis politiques ouvrira la voie à des discussions fructueuses, des orientations judicieuses, et la pleine participation à cette entreprise qui, au-delà de ses contours matériels, comporte l’accouchement d’une nouvelle société.

Car, ici, nul ne doit se tromper. Rien ne pourra être comme avant le l2 janvier.

Pour sortir de cette crise multiforme, qui affecte depuis si longtemps la société haïtienne, les ruptures plus que jamais sont obligatoires. Au long de ce parcours, se construira le leadership individuel et collectif indispensable qui nous fait tellement défaut.

Il faut le répéter, Haïti ne peut faire face efficacement, ni à l’urgence de la catastrophe, ni à la reconstruction, sans l’aide de l’internationale qui s’est d’ailleurs manifestée de façon multiforme et a été extraordinaire et émouvante ….

Il s’est même créé des situations inédites, comme le cas de Cuba qui a ouvert son espace aérien aux avions militaires américains….

La militarisation de l’aide humanitaire, et l’arrivée dominante –exagérée et irritante même- des 16 000 marines américains, pour accompagner l’aide humanitaire, fait réfléchir et soulève bien des soupçons, ce qui, cependant, ne nous autorise pas à partager l’opinion de ceux qui parlent d’occupation, à moins qu’il y ait des données encore inconnues des Haïtiens en général.

Il y a eu, certes, des dérapages dès les premiers jours, en ce qui a trait à la gestion de l’aéroport et les protestations, en particulier, de la France, Cuba et Brésil, ou au sujet des modalités de distribution de l’aide. Malgré les voix qui réclament le protectorat ou l’occupation d’Haïti, on pourrait penser que le nouvel ordre mondial ne se prête pas à un tel comportement en Amérique Latine.

Cependant, une réalité saute aux yeux.

Le vide, provoqué par l’absence de l’Etat et du gouvernement, a alimenté la tutelle larvée que vit Haïti.

Omniprésente et omnipuissante, la communauté internationale, dans ses diverses composantes, (ambassades, institutions internationales civiles ou militaires, ONG étrangères), très souvent, se trouve désarmée face à ce vide. Mais, malheureusement, plusieurs d’entre eux en profitent pour agir comme bon leur semble.

Encore une fois, l’après 12 janvier offre l’occasion de rectifier le tir. En coordination avec les partis politiques et la société civile, le pouvoir haïtien peut devenir un interlocuteur valide, avec un plan stratégique pour orienter, comme il se doit, une coopération normale. Seulement ainsi, pourrons-nous éviter l’aggravation de la situation de dépendance et donner son vrai sens à la coopération internationale.

Il est bon de signaler qu’Haïti, pour des raisons historiques ou autres, joue un rôle particulier dans la politique interne de trois pays.

La politique américaine, traditionnellement hétérogène, pourrait y opposer la vision du Pentagone et celle de l’Exécutif. Le succès ou l’échec de cette sortie post séisme aurait des retombées sur les choix du président Obama.

D’autre part, le président Leonel Fernandez, en République Dominicaine, en adoptant, avec célérité et promptitude dans la circonstance, une politique qui cherche à ouvrir une nouvelle page dans les relations haïtiano-dominicaines, semble avoir pris de court les « nationalistes » dominicains. Il faudra suivre avec attention cette nouvelle configuration qui se dessine. .

Enfin, le Brésil du président Ignacio (Lula) Da Silva, dans l’affirmation de sa politique internationale, a misé sur Haïti avec, en plus, le renforcement fraternel des liens culturels et afro américains qui unissent les deux pays. .

Il faut rebattre les cartes

Les grands désastres peuvent provoquer de grandes secousses politiques et sociales, et ils représentent, souvent, un tournant dans la vie des peuples.

Le séisme de 1972 de Managua (Nicaragua), avec un lourd bilan de destruction de la ville et environ 6000 morts et 20 000 blessés, a provoqué un vrai tremblement de terre politique pour le régime somoziste qui n’a pas été à la hauteur de la situation. Ainsi, la crise nationale s’est-elle aiguisée et a-t-elle contribué à renforcer le mouvement sandiniste qui s’engagea sur la route du triomphe de juillet l979.

De même, la gestion inadéquate du violent tremblement de terre - qui a détruit en septembre l985, le centre ville de Mexico -, a marqué aussi le début de la perte d’hégémonie du PRI qui, sanctionné au cours des élections de l988, connut son premier échec électoral en 2000 avec la perte du pouvoir après un « règne » de plus de 71 ans.

On pourrait aussi citer l’évolution de la situation, suite au tremblement de terre au Guatemala en septembre 1976 ; l’avalanche de boue du volcan du Nevado de Ruiz en Colombie en novembre 1985 ; le séisme du Salvador en janvier 2001 ; et enfin, l’ouragan Katrina en New Orléans, en août 2005, a eu une forte répercussion sur le gouvernement de Bush et le parti républicain aux États-Unis.

En Haïti, dans la gestion de l’urgence du post tremblement de terre, si les 6oo camps de réfugiés, levés spontanément dans la zone métropolitaine, et les problèmes des réfugiés en province ne sont pas attendus avec efficacité, les explosions sociales, rapidement converties en émeutes politiques, peuvent être à craindre.

Il est vrai que, dans ce tournant, les mesures de redressement sont plus difficiles. Avec la perte, en grande partie, du peu que nous avions, le pays se retrouve sinistré.

Des couches, encore plus nombreuses de la population, seront dans le dénuement le plus complet, et les disparités sociales se creuseront davantage.

Mais aussi, s’offre à nous une opportunité.

Nous souhaitons, ardemment, que ce 12 janvier marque le moment d’un nouveau départ pour notre nation.

Cependant, nous ne devons pas cacher que les opportunités n’accouchent pas toujours d’une vie nouvelle.

Dans notre histoire récente, les conjonctures porteuses d’espoirs de l986, 1991 et 2004, ont été des rendez-vous manqués qui ont marqué les vicissitudes et la prolongation de la crise de la transition haïtienne des 24 dernières années.

Les opportunités n’arriveront pas à se concrétiser spontanément, pour se transformer en réalité, elles exigent des conditions et des actions.

La route sera longue et peut être très difficile avec les caractéristiques de notre évolution récente : le « laissez grennen », l’absence d’Etat, l’auto satisfecit, le chire pit, la corruption, l’incapacité d’une concertation, l’exclusion sociale et le calice bu jusqu’à la lie d’être toujours cité comme le pays le plus pauvre, le plus corrompu, le plus dépendant, le plus incapable etc. La continuité nous conduira à l’abîme.

Plusieurs citoyens, en considérant le comportement actuel de certains acteurs clés du moment, s’interrogent, avec angoisse, et doutent du rêve d’une reconstruction grandiose, profitant de l’opportunité pour une entrée d’Haïti dans le XXIe siècle, avec une population debout et unie, impliquant, de l’État haïtien aux gouvernements étrangers, du secteur privé à la diaspora haïtienne, des ONG aux secteurs populaires et de la classe moyenne.

Ou, au contraire, allons-nous nous installer dans une anormalité convertie en normalité, comme dans les cas de Gonaïves ou de Fonds Verrettes ?

Une fois partis les journalistes des grandes chaines internationales et éteintes les lumières des cameras sur Haïti, d’autres événements attireront l’attention du monde et occuperont l’actualité internationale.

Le momemtum Haïti s’évanouira petit à petit. Mais la coopération internationale et la solidarité des amis d’Haïti resteront fermes.

Cependant, les meilleures initiatives, qui, sans nul doute, peuvent être bonnes en soi - nomination de Bill Clinton envoyé spécial des Nations Unies en Haïti et chef de la reconstruction ; diverses conférences des bailleurs de fonds à l’extérieur ; les consortiums des pays amis ; les milliards de dollars recueillis pour la reconstruction, la constitution de fonds pour le développement de l’éducation, la santé etc -, faute d’un interlocuteur valable, se réaliseront sans l’acteur haïtien et ne pourront donner, ni son vrai sens, ni sa profondeur à cette reconstruction.

En effet, si des changements de conception, comportement et mentalités ne se réalisent pas, la reconstruction physique du pays, dans le meilleur des cas, sera l’œuvre, PEUT-ÊTRE, de l’internationale qui se substituera à l’Etat haïtien.

A 206 années de la conquête de l’indépendance, il incombe aux Haïtiens de faire face à cette lourde responsabilité historique de convertir une opportunité en réalité : la refondation d’une nation qui, avec dignité, reprendra sa place dans le concert des nations et réalisera le rêve bicentenaire qui a traversé toute notre histoire de peuple, la pleine citoyenneté pour tous les Haïtiens.

……………..

* Historienne
Directrice du Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed)


[1Ndlr : bilan revu à la hausse : plus de 212,000 morts