P-au-P, 04 février 2010 [AlterPresse] --- La plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) et la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) préconisent une mobilisation de la population nationale en vue d’une inclusion effective dans les projets de reconstruction, nécessaires après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.
« Si nous ne nous montrons pas dynamiques et ne donnons pas rapidement des réponses collectives à la situation actuelle, le système va se recomposer avec les mêmes horreurs, les mêmes inégalités, voire pire, parce qu`aujourd’hui les plus pauvres ont pratiquement tout perdu », relève Camille Chalmers, directeur exécutif de la Papda, lors d`une conférence de presse le mercredi 3 février à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Les deux regroupements comptent organiser bientôt un forum des mouvements sociaux et faire une série de propositions sur la reconstruction d’Haïti, dont la capitale Port-au-Prince a été détruite à près de 75% par le tremblement de terre du 12 janvier.
Un second sommet sur la reconstruction du pays se tiendra le 14 avril 2010 en République Dominicaine et plusieurs chefs d`Etat et de gouvernements, parmi eux le président vénézuélien Hugo Chavez, sont annoncés pour y participer.
Insistant beaucoup sur une approche inclusive (du peuple haïtien), la Papda et la Pohdh déplorent que les décisions, relatives aux actions à entreprendre pour un redressement national après le séisme du 12 janvier, soient prises sans consultation collective.
« Il y a un bouleversement social, un bouleversement démographique qu`il convient de mettre à profit pour répondre aux intérêts des plus pauvres », poursuit le professeur Chalmers.
Signalant « l`absence de l’Etat haïtien » dans le cadre des interventions visibles sur la situation actuelle, Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Pohdh, affirme craindre les conséquences de “ l’apparent immobilisme” des autorités nationales sur le respect des droits humains.
Plusieurs droits sociaux, comme le droit au logement, à la nourriture, à l`eau potable et à la sécurité, sont actuellement menacés.
Dans ce contexte, Mortimé signale plusieurs cas de violations de droits humains, notamment sur les groupes sensibles de la société, tels les femmes et les enfants.
La Pohdh recommande de prendre en compte la réalité des personnes âgées et des personnes handicapées dans la distribution de l`aide alimentaire, consécutive au séisme du 12 janvier 2010.
En ce début de février 2010, plus de 22 jours après le tremblement de terre et ses nombreuses répliques, la distribution de l`aide alimentaire se poursuit dans plusieurs grands centres d`hébergement de la capitale où les opérations se déroulent tous les jours.
La Papda dénonce la présence militaire américaine (actuelle) en Haïti, l`accusant d`avoir inoculé l`aide humanitaire « qui est passée au second plan ».
« C`est un dispositif militaire, de réponse militaire, ou d`intervention éventuelle dans la région...En tant qu’organisation, nous refusons qu`Haïti devienne une base militaire qui dessert les intérêts géopolitiques des américains », martèle Camille Chalmers.
L`économiste haïtien, qui ne voit comme cause des dégâts du tremblement de terre que l`irresponsabilité de l`Etat haïtien, critique également les Etats-Unis d’Amérique qui auraient imposé au cours de la première occupation (1915-1934) « un modèle d’hyperconcentration » autour de Port-au-Prince. [kft rc apr 4/02/2010 10:32]