P-au-P., 21 mars. 02 [AlterPresse] --- Le Mouvement Paysan pour le Développement de la Commune de Ouanaminthe et l’organisation Solidarité Frontalière proposent la création d’un comité mixte Etat/sécteur associatif, pour étudier la faisabilité d’une zone franche et assurer les conditions dignes de travail en faveur de la population.
Cette proposition, annoncée lors d’une rencontre avec des journalistes sur le terrain le week-end dernier, fait suite a une alerte concernant l’éventuel établissement d’une zone franche d’assemblage textile dans la plaine de Marie Bahoux.
Les paysans disent ne pas s’opposer catégoriquement a ce que des espaces non cultivables et proches de la frontière soient utilisés dans le cadre de la création d’une zone franche. Mais ils ne cachent pas leur inquiétude du fait qu’une opération d’arpentage est en cours depuis début février dernier dans la plaine de Marie Bahoux, qui représente 80% des terres irrigables du Nord-Est, en vue de l’implantation d’une zone franche.
Des travaux d’infrastructure, notamment de bétonnage devraient être entrepris afin d’accueillir des usines. Lorsque viendra le moment pour les usines d’assemblage de migrer vers des cieux plus cléments, que pourrons-nous faire du béton, s’interrogent les paysans.
En outre, se referant à des expériences étrangères, les paysans retiennent que les zones franches n’apportent jamais une véritable solution au problème de la pauvreté, même si elles permettent la création d’un certain nombre d’emplois pour mettre une sourdine a la grogne sociale, motivée par le chômage.
Les travailleurs en zone franche de la République Dominicaine se plaignent continuellement de conditions de travail exécrables, comparables a l’esclavage.
A la fin de l’année dernière, le parlement haïtien a voté un projet de loi visant la création de 14 zones franches à travers le pays. De tels projets ont été sévèrement combattus par le mouvement populaire au lendemain de 1986.
Les projets de zones franches au niveau de la région frontalière font partie des perspectives mises en avant par les autorités dominicaines, afin de diminuer le flot des Haïtiens qui vont chercher du travail de l’autre coté de la frontière. [apr 21/03/02 14:25]