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Haïti : Inquiétudes des secteurs populaires à l’aube de 2010

P-au-P, 12 janv. 2010 [AlterPresse] --- 2010 n’apporte pas plus d’espoir que les années précédentes, selon diverses organisations du secteur populaire qui dressent un sombre bilan de la situation politique et socio-économique du pays.

Cette année ces organisations disent souhaiter se renforcer, travailler à une meilleure articulation de leurs forces, pour continuer à lutter en faveur d’une « alternative populaire et une meilleure Haïti ».

En 2009 le pays a continué à récolter de mauvaises notes et les conditions de vie se sont aggravées, selon une note du Mouvement Démocratique Populaire (MODEP), transmise à AlterPresse.

Sur le plan politique, en dépit de la présence de plusieurs partis sur la scène et la tenue prochaine d’élections en vue du renouvellement d’un tiers du sénat et de la chambre des députés ainsi que de compétitions présidentielles à la fin de l’année, des organisations du secteur populaire soulignent les revendications populaires ne sont pas relayées dans le débat politique.

Elles critiquent également une mainmise éventuelle du secteur au pouvoir sur l’appareil électoral avec l’aval de la communauté internationale et soupçonnent le président René Préval de vouloir continuer à être un homme fort.

Lors de son discours du 1er janvier dernier, le Préval a solennellement annoncé qu’il remettra le pouvoir le 7 février 2011.

Il a cependant insisté sur la nécessité de la « continuité » et de la « stabilité » en Haiti pour ne pas mettre en péril les acquis des dernières années.

« Ce discours annonce la campagne du président Préval. Au vue de la situation actuelle, nous aurons un sénat et une chambre des députés subordonnés à l’Exécutif, qui amenderont ou voteront une nouvelle Constitution pour que le président puisse rester au pouvoir », analyse Antèn Ouvrye.

Les organisations populaires retiennent la privatisation des entreprises publiques comme action politique caractéristique des neuf ans qu’il a déjà passés au pouvoir (en 2 mandats séparés).

Le processus de privation de la Teleco est actuellement en cours et déjà lors de son premier mandat, les compagnies publiques Ciment d’Haïti et Minoterie d’Haïti ont-elles aussi été privatisées, rappelle Antèn Ouvrye qui signale que la privatisation n’a fait qu’augmenter le chômage et affaiblir l’économie du pays.

L’organisation note que, comme conséquences, les prix de la farine et du ciment ont vertigineusement augmenté (entre 200% et 300%).

Cette tendance à la privation menace de détruire la production nationale et d’aggraver le sort de la population, estiment les organisations.

Le projet d’agrocarburant à partir de Jatropha (Gros medesiyen) et l’Accord de partenariat économique (Ape), signé par le gouvernement (avec l’Union Européenne) à la fin de l’année écoulée illustrent cette tendance qui risque, selon les organisations, de se renforcer en 2010. [ kft gp apr 11/01/2010 10:00]