Prise de position de la Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes (CONAP), suite aux critiques de deux sénateurs lavalas sur les pratiques du pouvoir en place
Qu’elle n’a été notre surprise en entendant les propos des sénateurs contestés Dany Toussaint et Prince Pierre Sonson. Ces messieurs admettent que les Pouvoirs Législatif et Judiciaire sont actuellement inexistants en Haïti, et qu’il n’y qu’un seul et unique pouvoir, celui du gouvernement Lavalas/Lavalasse. Ces sénateurs contestés déclarent également que les services de police ne remplissent pas leur mission et que la régression du pays est incommensurable. Tout comme les citoyens et citoyennes ordinaires, messieurs les sénateurs reconnaissent que le pays s’enfonce vertigineusement dans l’abîme et qu’il est gangrené par la répression et les injustices multiples. En dépit de toutes leurs déclarations, ces messieurs ne semblent pas avoir accéder à un degré de conscience suffisant leur permettant de reconnaître que la situation sociopolitique actuelle est aussi une résultante d’une part, de la crise provoquée par les élections frauduleuses de l’année 2000 et, d’ autre part, des multiples scandales liés à la corruption du gouvernement Lavalas.
Les Haïtiens et les Haïtiennes ne sont ni amnésiques, ni sourds-es, ni aveugles, ni frappés-es de mutisme. Nous ne saurions donc oublier les images de M. Prince Pierre Sonson, filmé par les caméras, alors qu’il prenait activement part aux actions pour contrer le soi-disant Coup d’Etat du 17 décembre 2001.
Nous ne pouvons pas prendre au sérieux les déclarations des sénateurs contestés. Avant que messieurs les sénateurs changent leur fusil d’épaule, ils doivent préalablement et publiquement se repentir des graves torts qu’ils ont contribué à causer aux populations haïtiennes ce, en cautionnant durant longtemps les agissements du pouvoir Lavalas.
Si les sénateurs contestés, messieurs Dany Toussaint et Prince Sonson Pierre, croyaient réellement que nous vivions sous un régime « despotico-anarchique », comme ils se plaisent à le dire, ils auraient dû démissionner depuis fort longtemps. Ou encore, ils auraient dû mettre à profit le poste occupé pour faire valoir les provisions constitutionnelles de l’article 185, en vue de constituer une Haute Cour de Justice pour juger M. Jean-Bertrand Aritide ; un chef d’Etat coupable de crimes et d’abus contre les populations et de mercenariat politique. L’ensemble de ces exactions et brigandages fait du gouvernement Lavalas un gouvernement hors-la-loi.
Les citoyens et citoyennes d’Haïti ne se laisseront pas abuser une seconde fois par des tyrans, quel que soit leur nom. En tentant de nous affranchir de la tyrannie des tontons macoutes et des militaires, nous nous sommes retrouvés dans la fureur des torrents de Lavalas. Au regard de ces expériences, nous réitérons notre refus de tout pouvoir politique tyrannique et nous proclamons l’urgente nécessité de développer d’autres pratiques politiques dans le pays.
Port-au-Prince, le 25 novembre 2003
Pour la CONAP
Danièle Magloire, Enfofanm
Yolette Mengual, Fanm Yo La
Yolette Jeanty, Kay Fanm
Olga Benoit, Sofa