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Scepticisme sur l’opportunité d’une zone franche a Ouanaminthe

P-au-P., 19 mars. 02 [AlterPresse] --- Le scepticisme règne a Ounaminthe a propos de l’oppportunité d’une zone franche dans cette région. "Je ne crois pas qu’une zone franche dans la plaine de Marie Bahoux sera plus rentable que des activités agricoles entreprises dans de bonnes conditions", a déclaré à la presse l’Agronome Gaston Etienne, encadreur de l’association Solidarité Frontalière.

Depuis début février dernier, la population de Ouanaminthe est alertée par divers mouvements sur le terrain, notamment une opération d’arpentage en vue de délimiter un espace de 50 a 80 hectares de terres qui seraient réservés à une zone franche d’assemblage textile.

Un tel projet ne serait pas a l’avantage des paysans, a soutenu Gaston Etienne, interviewé sur place par des journalistes le week-end écoulé. Selon des calculs effectués, un hectare de terres planté en riz et cultivé dans des conditions optimales à Ouanaminthe pourrait rapporter mensuellement environ 10.000 Gourdes, alors que dans le meilleur des cas, un paysan devenu ouvrier en zone franche obtiendra moins de 400 Gourdes comme salaire mensuel.

L’établissement d’une zone franche à Ouanaminthe risque d’accélérer davantage le processus de "bidonvilisation" déjà très avancé dans cette ville, a estimé le cadre, affirmant que du début des années 1990 à aujourd’hui, la population de la ville est passée de 15.000 a 80.000 personnes.

Plus que le marché frontalier de Dajabon, ville dominicaine située en face de Ouanaminthe, la présence d’une zone franche devrait occasionner une plus grande explosion de la population et un accroissement de la misère, de la délinquance et de la prostitution, prévoit l’agronome Etienne.

A ce titre, a-t-il fait valoir, l’expérience de la plantation dauphin, dans les années 20, une grande plaine du Nord-Est, louée a une compagnie américaine pour la production du sisal, demeure vivante. Lorsque le nylon a détrôné le sisal sur le marché international, les entrepreneurs américains sont partis laissant derrière eux la misère, a rappelé Gaston Etienne. Cette zone est aujourd’hui rendue inutilisable. [gp apr 19/03/02 23:00]