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Solution électorale contre renvoi du régime haïtien

P-au-P., 24 nov. 03 [AlterPresse] --- Des élections sont nécessaires pour sortir de la crise qui secoue le pays, même si, pour le moment, elles ne sont pas possibles, a déclaré ce 24 novembre le président de la Conférence Episcopale Haïtienne (CEH), Monseigneur Hubert Constant.

« Aujourd’hui, demain ou après demain, il faudra passer par des élections pour résoudre la crise », a déclaré Monseigneur Hubert Constant. Il a cependant précisé que « nous ne voyons pas comment des élections peuvent être réalisées cette années ».

Se positionnant comme médiateur à la recherche d’un « compromis », la CEH a invité l’opposition à prendre part les élections « lorsqu’elles seront possibles ».

D’autre part, les évêques ont suggéré des réformes au niveau du gouvernement et de la police. Ils ont également suggéré la mise en place d’un Conseil de 9 membres de divers secteurs (suivant la même formule de constitution du Conseil Electoral Provisoire) pour assister le président Jean Bertrand Aristide à la fin de cette législature parlementaire d’ici janvier prochain.

Un diagnostic très sombre de la situation dans le pays a été dressé par la Conférence Episcopale. Selon elle, le pays est sur « une mauvaise voie ». Certains parlent même de menace « d’une dictature » ou d’une « lutte de couleurs (noir, mulâtre) », a souligné le président de la CEH.

Cependant, les Evêques ont fait part de leur confiance dans la capacité des Haïtiens de sortir de ce mauvais pas. "Nous croyons que nous pouvons sortir de ce naufrage", a déclaré Monseigneur Constant.

La proposition de la hiérarchie de l’Eglise Catholique a été bien accueillie par le parti Fanmi Lavalas (Famille Lavalas) au pouvoir et questionnée par l’opposition.

Jonas Petit, responsable A.I. du parti de Jean Bertrand Aristide, s’est déclaré « content » de la position des évêques. Il en a profité pour inviter l’Eglise Catholique à déléguer son représentant pour la formation du Conseil Electoral Provisoire.

La proposition des évêques a trouvé également l’accord de l’Organisation des Etats
Américains (OEA) par l’intermédiaire de David Lee, chef de la Mission de l’OEA en Haïti, qui s’est adressé à la presse ce 24 avril.

« Tard, très tard, trop tard », a cependant déclaré l’ancien sénateur Paul Denis de la coalition Convergence Démocratique, qui s’exprimait sur la formule proposée par la CEH. Il a jugé cette proposition « inappropriée » dans une situation qui s’est « gravement détériorée ».

Des acteurs de la vie nationale et internationale n’ont pas cessé d’exprimer des inquiétudes sur les derniers développements de la situation socio-politique haïtienne, dominée par l’agitation anti-gouvernementale et la violence des partisans du pouvoir contre des manifestants pacifiques.

Au sein même du parti Fanmi Lavalas, le sénateur Dany Toussaint, ex responsable militaire, a tiré la sonnette d’alarme contre l’option « despotico-anarchique » du pouvoir en place, conduisant inévitablement à « la mort, la prison et l’exil ».

L’administration américaine a récemment révoqué le visa d’entrée aux Etats-Unis du ministre de l’intérieur lavalas Jocelerme Privert. Cette décision ne serait pas sans rapport avec une éventuelle implication de l’intéressé dans des violations de droits humains.

« C’est une véritable dictature qui se met en place en Haïti », a constaté le Secrétariat International du Parti Socialiste Français, dans une prise de position le 21 novembre sur la situation haïtienne. « Le départ d’Aristide semble être aujourd’hui la seule chance pour remettre ce pays dans le sens de la transition démocratique », a estimé le parti. [gp apr 24/11/2003 21:30]