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Haïti-Droits humains : Plus de mauvaises notes que de bonnes

P-au-P, 10 décembre 09 [AlterPresse] --- Une coalition regroupant plusieurs organisations de la société civile, dont la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) a établi un rapport sur la situation de ces droits dans le pays, en appui à l’examen périodique universelle (Epu) qu’Haïti doit passer en mai 2010.

Le rapport, acheminé au Haut commissariat des Nations-unies sur les droits de l’homme, a été présenté ce le 10 décembre 2009 à la presse par la Pohdh, dans le cadre de son 18e anniversaire et le 61anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme.

L’Epu est une évaluation qui considèrera le compte rendu du gouvernement, celui de la société civile et des organismes de l’Onu sur place, en vue de déterminer les avancées réalisées dans le domaine des droits humains.

Le document compile les données recueillies par les organisations de droits humains sur les cinq dernières années, et met l’accent entre autres sur le manque de garanties judiciaires et la situation carcérale.

Sur 9000 détenus, 60% sont des cas de détention préventive prolongée, selon la coalition. L’espace carcérale est un des maux majeurs du milieu, chaque prisonnier en Haïti ne disposant que de 0,5 mètre contre 4,5 mètres recommandés par l’Onu.

D’autre part, « jusqu’à présent le pouvoir judiciaire est asservi aux autres pouvoirs déterminés par la constitution de 1987, particulièrement le pouvoir exécutif, surtout avec la non-application des lois qui garantissent son autonomie, notamment les trois lois de 2007 », signale Antonal Mortimé du Pohdh.

Les droits sociaux et économiques représentent un autre domaine où le pays récolte de mauvaises notes selon la coalition. Le droit à l’éducation continue d’être refusé à la majorité de la population quand 80% des écoles sont privées.

Le même constat est valable pour le droit à la santé.

La coalition juge par ailleurs que le pays fait face à une crise alimentaire, tenant compte que 56% de la demande alimentaire en Haïti est assurée par des exportations.

Le droit des femmes connait également une situation préoccupante. Le rapport s’intéresse particulièrement à la participation des femmes dans le cercle publique, toujours peu satisfaisante.

Sur 10 magistrats, on compte seulement 2 femmes, souligne Antonal Mortimé de la Pohdh.
De plus les femmes et les filles font l’objet de trafic notamment sur la frontière avec la République Dominicaine.

« Toutefois dans le domaine des droits civils et politiques plusieurs avancées ont été opérées, si l’on tient compte du nombre d’associations (…) et de medias qui existent dans le pays aujourd’hui. »

« Mais ces avancées sont tout de même menacées par la non-jouissance des droits économiques et sociaux », s’inquiète le secrétaire exécutif de la Pohdh.

Il souligne aussi le problème de l’identification, qui est, selon lui, un des obstacles à la jouissance des droits civils et politiques.

La coalition a fait une série de recommandations dans son rapport appelant l’État haïtien à « jouer son rôle ». Elle recommande notamment la gratuité de l’éducation, l’élaboration d’un texte de loi sur le fonctionnement des collectivités territoriales et la ratification par Haiti du pacte international relatif aux droits sociaux économiques et culturels (Pidesc).[kft gp apr 11/12/2009 06:40]