P-au-P, 02 déc. 09 [AlterPresse] --- La stabilité politique en Haïti dépend de l’extension du mandat de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah) ainsi que d’une réforme constitutionnelle, qui supprime la tenue d’élections consécutives et redéfinisse les fonctions de Premier ministre et de président de la république.
C’est l’opinion émise par le président dominicain, Leonel Fernandez Reyna, devant des membres de l’assemblée nationale en France, au cours d’une visite officielle dans l’hexagone, rapportent les quotidiens du territoire voisin “el dia” et “el nacional” consultés par l’agence en ligne AlterPresse.
“A l’exception des administrations de René Garcia Préval, Haïti n’a pas pu garantir sa stabilité politique”, laisse entendre Fernandez qui se prononce pour pour une prolongation de la présence des casques bleus des Nations Unies pour 10 années supplémentaires (au moins jusqu’en 2019) afin de favoriser des tâches de sécurité interne.
“L’organisation d’élections répétées [ndlr : suivant les modalités (les séquences de 2 ans) actuelles prévues dans la Constitution de 1987] perturbe l’action du gouvernement qui ne pourra pas accomplir des plans de développement de long terme visant une amélioration de la qualité de vie des citoyennes et citoyens”, croit Fernandez.
Les officiels en Haïti sont en faveur d’une réforme constitutionnelle qui puisse renforcer les organes du pouvoir, en clarifiant les rôles assumés par le premier ministre et le président de la république en Haïti, affirme le président de la république voisine dans ses propos (rapportés par les quotidiens dominicains) responsifs aux questions des membres de la commission des affaires étrangères de l’assemblée nationale française et du groupe d’amitié France / République Dominicaine.
Comme à son habitude, Leonel Fernandez redit à nouveau combien son pays intervient en appui aux immigrants haïtiens en matière d’éducation, de santé et d’emploi en République Dominicaine.
Pendant qu’il pose la nécessité de régulariser le statut des immigrants haïtiens, le mandataire dominicain n’a abordé ni les nombreux actes successifs de violence perpétrés contre des ressortissants haïtiens en territoire voisin, ni le rapatriement forcé d’Haïtiens ainsi que d’autres actes d’abus à l’encontre de compatriotes, répertoriés régulièrement par les organismes de promotion de droits humains.
En attendant une réaction officielle des autorités nationales, des membres d’organismes de droits humains, questionnés par AlterPresse, qualifient d’ “ingérence directe grave” la position affichée par le président dominicain Leonel Fernandez devant des parlementaires français début décembre 2009, quant aux modes de gestion et de fonctionnement fondamental d’Haïti durant les années à venir.
L’opinion de Fernandez, clairement fixée sur la politique intérieure d’un pays souverain, est en contradiction flagrante avec de nombreux courants en Haïti qui ne souhaitent point que les troupes onusiennes perdurent sur le territoire national, signalent ces militants haïtiens de droits humains.
De plus, de tels propos exprimés en France dénoteraient une quelconque concertation préalable de Leonel Fernandez avec les autorités nationales, habituées à conclure des ententes “spécieuses” avec les autorités voisines, en dehors des revendications pertinentes des organisations œuvrant sur la problématique haïtiano-dominicaine, ajoutent-ils, se référant au document récemment remis à un procureur dominicain par le président Préval sur le cas d’Amaral Duclona [1]. [rc apr 02/12/2009 13:00]
[1] Amaral Duclona, l’ancien chef de gang de Cité Soleil qui se fait passer pour Berthone Jolicoeur pour échapper aux poursuites contre sa personne en France, en relation à deux ressortissants français assassinés en Haïti en 2005, serait sur le point d’être extradé en France.