Par Karenine Francesca Théosmy
P-au-P, 25 novembre 09 [AlterPresse] --- L’organisation féministe Solidarité des Femmes Haitiennes (Sofa) participe à une campagne régionale contre la banalisation de la violence faite aux femmes intitulée « Nous pouvons arrêter la violence faite aux femmes en Amérique Latine et dans la Caraïbes », sous l’initiative du Réseau de Santé des femmes latino-américaines et caribéennes (Rsmlac).
Cette campagne a déjà fait ses preuves dans plusieurs autres régions comme l’Asie et doit débuter prochainement en Haïti, selon Olga Benoit, dirigeante de la Sofa et membre du Rsmlac.
Viol, inceste, violence économique et physique accompagnée de séquestration
En préparation à la campagne annoncée, la Sofa a présenté ce 25 novembre, a l’occasion de la journée internationale contre toutes les formes de violence faites aux femmes, un rapport d’investigation sur la situation de la violence faite aux femmes dans la ville de Lascahobas.
Cette enquête a été réalisée entre mai et juillet 2009.
Lascahobas est une commune située à proximité de la frontière haitiano dominicaine et qui compte pour une population de 37 116 habitants, 18 944 femmes contre 18 172 hommes.
Les moins de 15 ans représentent 42,1% de cette population.
Viol, inceste, violence économique et physique accompagnée de séquestration, sont les types de violence les plus utilisés contre les femmes, selon les témoignages recueillis par les enquêtrices.
En raison de sa proximité avec la frontière, Lascahobas présente des cas particuliers comme le trafic de femmes, a signalé la représentante de la Sofa dans la zone, Léonide Derilus. Une proximité qui entrave d’autant plus l’action de la justice, les criminels fuyant en territoire voisin pour échapper à la prison.
« Souvent à cause du laxisme des autorités qui ne prennent pas des mesures pour punir les violeurs, les familles ont recours à des arrangements malhonnêtes avec les coupables, acceptent de l’argent, comme si cela pouvait réparer les crimes commis. Et même si la famille de la victime résiste, celle de l’agresseur peut faire pression pour la pousser à abandonner toutes les poursuites. »
Un échantillon de 30 personnes a été retenu pour l’enquête dont les résultats démontrent des avancées importantes au niveau de la mentalité des gens sur la violence faite aux femmes, selon Olga Benoit.
29 personnes sur les 30 interrogées ont affirmé par exemple que la violence ne doit en aucun cas être utilisée pour contraindre ou soumettre les femmes.
Néanmoins il reste beaucoup de chemin à faire à cause de l’existence du système patriarcal qui cautionne et permet la subordination des femmes par tous les moyens dont la violence, rappelle la dirigeante de la Sofa.
Par ailleurs, le silence des victimes, l’impunité et le niveau non négligeable de tolérance sociale associée à la violence continuent de rendre difficile la lutte contre le phénomène. [kft gp apr 25/11/2009 13:30]