P-au-P, 21 nov. 09 [AlterPresse] --- En Haïti, les rôles de l’agent artistique et du manager s’entremêlent, et l’agent principal est forcé de tout faire et de tout coordonner, selon Lionel Benjamin Junior et Charlot Murrat, deux agents artistiques en activité dans la capitale haitienne.
Lionel Benjamin Junior et Charlot Murrat, sont intervenus sur le rôle de l’agent artistique dans le développement d’un musicien à la Fondation culture création (Fcc), le mercredi 18 novembre dans le cadre d’une série de conférences organisée par le comité de la foire Musique en folie, actuellement en cours à Port-au-Prince.
En raison du nombre de chapeaux qu’il doit porter, si l’agent artistique veut bien faire son travail (en Haiti) il ne peut gérer plusieurs artistes, car déjà avec un seul il fait « sept boulots en même temps », soutiennent les intervenants.
Lionel Benjamin junior suit la carrière de son frère cadet Mika Ben (Mickael Benjamin) depuis plusieurs années. Pour lui ce qui est important dans son métier c’est à la fois la communication et la capacité de laisser à l’artiste sa créativité.
Charlot Murrat gère la carrière de son frère Bélot après avoir connu différents groupes par le passé. Il décrit son travail plus comme celui d’un chef d’orchestre qui fait la coordination, organise l’agenda des spectacles et supervise toute l’équipe.
« En tournée des fois tu es obligé de jouer le rôle du tout manager. Le tout manager c’est quelqu’un qui voyage avec l’artiste, qui s’occupe des chambres d’hôtels, des déplacements dans la ville, qui fait la connexion entre le promoteur, le directeur du spectacle et l’artiste, qui s’assure que tous les musiciens sont en forme, la bouffe est bonne… »
Lors des tournées internationales, il se doit d’être malin et de composer avec les écueils du métier et les pièges du business.
Dur métier, dure loi
Ils insistent que la musique est une entreprise qui exige ainsi une gestion minutieuse. Selon les agents, il faut dépasser les relations filiales, amicales, toutes les sensibilités qui pourraient empêcher que le travail de l’artiste lui permette de vivre décemment.
« J’ai beaucoup voyagé à l’intérieur du pays et je connais des tas de chanteurs qui sont meilleurs que (…) la poignée qui a réussi à percer. Et cette poignée qui a réussi c’est parce qu’ils ont trouvé des gens pour les soutenir, un membre de leur famille, quelqu’un… », souligne Murat.
Le jeune agent prend l’exemple du groupe Raram qui selon lui est le groupe à avoir produit plus de hits sur les dernières années sans que cela ne lui rapporte, estime-t-il.
De même, selon Murrat un musicien qui s’identifie comme haïtien et qui n’est pas connu dans son pays n’a aucune chance de retenir l’attention des promoteurs étrangers et donc de se produire à l’étranger.
Pour lancer un débutant dans le métier, l’agent doit compter sur les nouvelles technologies comme l’internet. Son travail est axé sur la visibilité de son musicien dans le medias. Le musicien doit être vu à chaque occasion favorable : concours de musique, événements sportifs, culturels, etc.
Si le chanteur ou le musicien a déjà une notoriété internationale, comme dans le cas de Bélot, d’autres exigences sont imposées à l’agent.
Sur le marché international, des structures sont indispensables non seulement pour aider le musicien à protéger ses droits, mais aussi pour lui permettre de vendre sa musique. Il lui faut ainsi s’inscrire dans un organisme de protection des droits d’auteurs, trouver un éditeur et s’assurer que son œuvre est étiquetée et bénéficie d’un canal de distribution.[kft gp apr 21/11/2009 10:30]