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Haïti-Canada-Mode : Ralph Leroy, la passion de la création (2e partie)

Par Nancy Roc

Soumis à AlterPresse le 16 novembre 2009

Designer polyvalent et créateur de bijoux, l’Haïtien Ralph Leroy a séduit le milieu très hermétique de la mode à Montréal, en mars 2009, avec sa première collection pour hommes automne-hiver 2010. Sa vision rime avec originalité et excellence. Créateur polyvalent, il a lancé sa collection de bijoux pour femmes et pour hommes dénommée KOFI Collection le 21 mars 2006. À l’occasion du plus grand événement mode-design pour le SIDA au Québec intitulé Au Cœur de la Mode, organisé par la Fondation Farha, Ralph Leroy a été sélectionné pour la troisième fois consécutive comme participant. Il a exposé ses créations le 15 novembre 2009 au Palais des Congrès de Montréal. Voici la deuxième partie de l’interview exclusive qu’il nous a accordée autour de sa passion pour les pierres précieuses et semi-précieuses.

Le cœur à portée de main

Le 15 novembre de 10 à 17 heures, s’est tenue au Palais des Congrès de Montréal la 24e édition du plus grand évènement mode du Québec pour le SIDA : Au Cœur de la Mode. Cette importante activité permet à la Fondation Farha d’amasser des fonds pour la recherche sur le SIDA. Cette fondation est le chef de file québécois en collecte de fonds pour venir en aide à plus de 20 000 hommes, femmes et enfants vivant avec cette maladie au Québec. Les événements organisés par cette fondation contribuent également à sensibiliser la population à l’épidémie du SIDA.

Deux fois par année, de grands noms de la mode québécoise et internationale se rassemblent au Palais des Congrès pour une vente phénoménale, où vêtements et accessoires de mode sont offerts au public à 50% de rabais, pour une bonne cause. Ralph Leroy a le cœur sur la main. Il a déjà soutenu plusieurs organismes d’œuvres sociales tels que l’Unicef, le Rotary Club, Plan Haïti et dernièrement le nouveau Club Lions Montréal Communautaide, qui a officiellement été lancé le week-end dernier. Venant d’un pays pauvre, j’ai toujours voulu apporter mon aide aux gens dans le besoin, déclare Ralph Leroy. Quant au SIDA, il y a des années que cette maladie me préoccupe. J’ai entendu et vu des grands noms du milieu artistique disparaître à cause de ce fléau. Je connais aussi des familles affectées par cette maladie. Je me suis toujours porté volontaire pour aider ceux qui sont infectés et affectés par le SIDA.

Le designer se dit très concerné par les ravages de cette maladie au pays, et garde en mémoire sa première visite à l’orphelinat pour enfants sidéens, la Maison l’Arc-en-ciel, en Haïti. La vue de ces enfants nés avec le virus m’a atterré. Depuis, j’ai décidé qu’il fallait que j’apporte ma contribution en tant qu’humain, mais aussi en tant que bénévole, dit-il.

Depuis sa création en 1992, la Fondation Farha a distribué près de 8 millions de dollars à quelque 60 organismes des quatre coins du Québec, lesquels offrent différents soins et services, de même que des programmes de prévention et d’éducation.

L’appel des pierres

Avant son arrivée à Montréal, Ralph Leroy a travaillé pour une compagnie de bijoux à New York. C’est dans la ville qui ne dort jamais qu’il acquiert le goût d’agencer les pierres précieuses et semi-précieuses. À Montréal, il décide de suivre des cours à l’École de gemmologie de Montréal, où il décroche son diplôme. Parallèlement, il commence à créer sa propre collection. Ralph Leroy a une relation très intime avec les pierres : dès mon plus jeune âge en Haïti, je ramassais sur les plages les plus belles pierres et coquillages que je pouvais trouver. J’ai l’impression qu’elles m’ont appelé, déclare-t-il.

Lorsqu’il crée un bijou, il faut qu’il puisse vivre avec la pierre, comprendre ce qu’elle est, lui donner vie, et surtout savoir qui devrait ou ne devrait pas la porter. N’achète pas ma pierre qui veut, s’exclame le designer. Ce n’est pas du narcissisme, précise-t-il, mais si je reste en communication avec une pierre avant de créer un bijou, j’aspire à ce que son acheteur puisse avoir cette même communication, cet attrait spontané pour une pierre spécifique. Ralph Leroy aime à dire qu’il utilise le corps humain comme canevas pour porter ses créations ; il sait juger quelle matière, couleur ou pierre sied le mieux à chaque personnalité, et peut ainsi guider ses clients d’une façon plus personnelle. Parfois, j’ai des clients qui me disent qu’ils peuvent s’offrir une pierre précieuse, mais je réponds toujours qu’il faut qu’ils aient l’amour de ce qu’ils vont choisir.

Madame Odile Civitello est fondatrice et directrice de l’École de gemmologie de Montréal. Lors d’une entrevue téléphonique, elle nous a confirmé le talent de Ralph Leroy, son ancien élève. Tout comme ce dernier, elle est d’avis que chaque pierre « respire » et réclame un soin spécifique. Il faut savoir étudier une pierre, interpréter ce que l’on voit, et ensuite utiliser les instruments adéquats pour confirmer le premier diagnostic, explique-t-elle. Ce processus est important, car il existe sur le marché des pierres synthétiques qui imitent parfaitement les pierres naturelles. Aujourd’hui, beaucoup de pierres sont traitées, et il y en qui ne sont pas tout à fait naturelles, nous a-t-elle confié. Même lorsque les pierres sont naturelles, l’on a souvent tendance à en accentuer la couleur, comme dans le cas d’un saphir ou d’une émeraude, par exemple. Il faut donc pouvoir déterminer si la pierre a une couleur tout à fait naturelle ou si elle a subi un traitement ; car la valeur n’est évidemment pas la même.

Certaines pierres requièrent aussi des soins particuliers. Ainsi, la perle est recouverte d’une nacre qui est très sensible aux acides. Si quelqu’un va se baigner dans une piscine avec une bague perlée ou un collier, la nacre sera attaquée et les perles perdront leur éclat, révèle Mme Civitello. Il en serait de même pour les parfums ou même la transpiration acide. Voilà pourquoi la gemmologue conseille de nettoyer les perles avec un petit chamois doux et légèrement humecté, afin que la nacre puisse conserver son éclat. Ce qu’il ne faut surtout pas faire est de laisser les colliers de perles dans un tiroir de banque, car la nacre d’une perle contient de l’eau. Dans les banques, il y a des déshumidificateurs ; or, il faut à la perle un environnement assez humide, nous apprend Mme Civitello. La perle est comme notre peau : elle doit rester hydratée ; si elle sèche, elle va jaunir et peler, conclut-elle. ( photos collier gris en gros plan et collier de couleur . Il faut bien mettre sous les photos : colliers de perles signés Ralph Leroy)

L’unicité de KOFI Collection

KOFI Collection est une collection unique et exclusive de bijoux et d’accessoires haut de gamme pour femmes et pour hommes. Les bagues et colliers pour femmes sont des pièces rares, composées de pierres fines et précieuses montées sur de l’or, de l’argent et du platine.

Les bijoux de Ralph Leroy sont faits à la main et riment avec chic et élégance. Les colliers de perles en provenance du Japon sont de toute beauté, et couvrent une palette de coloris variant du gris métallique au blanc, en passant par le rose pâle. Le créateur offre aussi des colliers de perles rares, jaunes et blanches. Ces parures travaillées à la main arborent un fini remarquable. Elles sont montées sur du fil de soie, et les décorations sont confectionnées avec de l’étain ou de l’argent. Les bijoux en or, pour femmes comme pour hommes, sont créés sur commande.

Tous les clients et en particulier les clientes de Ralph Leroy insistent sur la vision et la passion du designer, mais surtout sur la distinction et l’unicité de ses bijoux. Le cas de Dorothy Alexandre est exemplaire ; cette cliente s’offrit une parure de KOFI Collection, accompagnée d’une bague et de boucles d’oreilles, en prévision de son futur mariage… bien qu’elle n’ait pas encore trouvé l’élu de son cœur. Les bijoux de Ralph Leroy se démarquent par leur authenticité mais surtout par leur unicité. L’on voit bien que chaque bijou est créé avec minutie et amour ; quand je porte les miens, je reçois toujours des compliments, témoigne-t-elle. La parure que j’ai achetée m’a séduite non seulement par ses couleurs, mais aussi par la délicatesse dans l’agencement des pierres. Dorothy Alexandre, qui n’est pas fiancée, a décidé qu’elle achètera sa robe de mariée en fonction de cette parure. Autre décision peu commune : elle ne la portera qu’une seule fois, le jour de son mariage, et la fera encadrer ensuite comme une œuvre d’art, qu’elle pourra ensuite léguer à ses futurs enfants.

Au-delà de l’exclusivité, certains bijoux de KOFI Collection font aussi preuve d’audace, avec des tons plus vifs que l’on retrouve dans le corail rose ou rouge, les améthystes, la turquoise, les pierres de lune, les pierres soleil, la labradorite, le jade, le grenat almandin, le grenat spesartite, le quartz fumé, le quartz rutilé, et moult autres pierres fines que le créateur utilise, liant finesse, délicatesse, modernité et ethnicité.

Cette heureuse combinaison a été remarquée par le grand designer Helmer Joseph, qui a invité Ralph Leroy à participer à la présentation de sa collection printemps-été 2009, lors de la Semaine de mode de Montréal en octobre 2008.

En août 2009, Ralph Leroy a lancé le concept Fashion Madness à Montréal, avec la collection Fierce : […] Avec cette collection, j’ai voulu pousser les femmes à oser être audacieuses et décomplexées dans le port des bijoux, tout en étant en contrôle de leur féminité. Cet événement a connu beaucoup de succès parmi le public montréalais. Maggie Hackett, agente distributeur vivant à New York, lui a alors proposé de reprendre le concept en cette ville, dans le cadre d’une exposition tenue en septembre 2009. Cette dernière a attiré un grand public mixte, notamment des stars de la NBA (la ligue nationale américaine de basketball). Les bijoux ont été exposés dans des assiettes, telles des gourmandises à déguster.

Avec KOFI Collection, les hommes ne sont pas en reste. En témoignent les bagues, colliers, bracelets et boutons de manchette. Ces derniers sont souvent confectionnés avec de l’étain, de l’argent, de l’or et du platine. Le prestigieux magazine de mode Elle Québec en a fait son coup de cœur dans son édition d’octobre 2009. Toutefois, la collection de bijoux pour hommes a été transférée sous le label Ralph Leroy, et KOFI Collection est désormais uniquement dédiée aux femmes.

Début décembre, Ralph Leroy fera une exposition-vente à l’agence Koko de Montréal. L’événement sera organisé simultanément dans les locaux de celle-ci et sur le Web. Ne le manquez pas ; vous y aurez accès par les adresses suivantes : www.kofistore.com et www.ralphleroy.com

Ralph Leroy prépare actuellement sa collection de vêtements pour hommes automne-hiver 2010-2011 et sa nouvelle collection de bijoux, La Diva ; elles seront présentées à la prochaine Semaine de mode de Montréal, en mars 2010. Nous retrouverons certainement le jeune créateur à l’occasion du nouveau buzz qu’il ne manquera de créer.

Montréal, le 12 novembre 2009.