P-au-P., 20 nov. 03 [AlterPresse] --- Les artistes et intellectuels haïtiens s’impliquent pour tenter d’arrêter la dégradation politique, économique et sociale en Haïti. A cet effet, une cinquantaine d’entre eux viennent de fonder un regroupement appelé « Non ».
« Non » a été officiellement présenté à la presse ce 20 novembre. Le regroupement compte des artistes et intellectuels de toute catégorie, ont fait savoir le chanteur compositeur Theodore Beaubrun (alias Lòlò) du célèbre groupe Boukman Eksperians (Boukman Experience) et l’écrivain haïtien internationalement connu, Lionel Trouillot.
Ecrivains, dramaturges, cinéastes, acteurs, peintres et musiciens se sont rassemblés pour dire non à « toute pratique du pouvoir pour entraver la liberté », a déclaré Lionel Trouillot à AlterPresse.
Les intellectuels et les artistes n’entendent pas s’en rester là . « Nous voulons prendre
part à des réflexions pour déterminer les causes de la situation actuelle en Haïti », a indiqué Lionel Trouillot. « En tant qu’artistes, il est de notre responsabilité de procurer la confiance et l’espoir », a dit l’écrivain.
Des figures emblématiques, tels que l’écrivain et peintre Franketienne, ancien ministre de la culture, le sociologue Laenec Hurbon, le dramaturge Syto Cavé, l’actrice Magalie Comeau Denis font partie de « Non ». On y trouve aussi l’écrivain Yannik Lahens, le peintre Pascale Monnin.
Le Collectif projette d’entrer rapidement en contact avec tous les milieux intellectuels internationaux pour les informer de la situation en Haïti. Des actions seront conduites pour dénoncer tout acte de violation de droits humains dans le pays, a assuré Lionel Trouillot.
La création de ce regroupement d’artistes et d’intellectuels luttant pour la liberté a été précédée d’une escalade de la violence en Haïti. Durant les dernières semaines, de nombreuses agressions de manifestants anti-gouvernementaux de la part de la police et de groupes de partisans du pouvoir ont été enregistrées à travers le pays.
Divers secteurs nationaux et internationaux ont été d’autre part unanimes à condamner les pratiques du gouvernement qualifiées de « totalitaires » alors que des secteurs d’opposition ont multiplié des appels à la démission du président Jean Bertrand Aristide.
« Nous sommes solidaires de toutes les couches de la société qui réclament un changement » de l’ordre des choses en Haïti, a déclaré Lionel Trouillot.
Le regroupement « Non » se sent également concerné par la célébration du bicentenaire d’Haïti. Il a annoncé qu’une série d’activités culturelles sera organisée à travers le pays durant tout le mois de décembre prochain pour culminer au 31 décembre, veille de du 200ème anniversaire de l’indépendance d’Haïti.
Le lancement du collectif « Non » constitue la deuxième intervention d’intellectuels et d’artistes haïtiens dans la vie du pays en moins de deux mois. Début octobre dernier, une cinquantaine d’entre eux avait signé une pétition pour se démarquer des activités officielles de célébration du bicentenaire d’Haïti.
Depuis, la liste des signataires de ce document, qui dénonce une recherche de légitimité du gouvernement à travers la célébration du bicentenaire, est passée a plus de 200, a fait savoir Lionel Trouillot à AlterPresse. [gp apr 20/11/2003 23:00]