P-au-P, 04 nov. 09 [AlterPresse] --- Le Mouvement paysan national du congrès de Papaye (Mpnkp) lance un cri d’alarme sur le danger de mise en place d’un projet antidémocratique par le pouvoir en place, au regard des derniers développements de la conjoncture nationale ayant abouti au vote de censure contre la première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis.
« Nous appelons toutes les organisations paysannes, les organisations du mouvement social, les partis politiques et la population à barrer la route à tout projet antidémocratique », déclarent les délégués paysans du Mpnkp dans 9 des 10 départements géographiques du pays (à l’exception des Nippes / Sud-Ouest) dans une synthèse analytique sur la conjoncture politique nationale, dont une copie a été acheminée à l’agence en ligne AlterPresse.
Attention aux actes d’intimidation et aux manœuvres de manipulation de la présidence en faveur de l’établissement d’un parti politique unique, avertissent les délégués paysans du Mpnkp, rattachant le plan du regroupement politique « Lespwa » (Espoir, qui avait soutenu la candidature de René Garcia Préval à la présidence en 2006) à « l’échec total de la plateforme politique Lespwa devenue désespoir ».
Le regroupement paysan invite les partis politiques démocratiques à se démarquer véritablement du président Préval, en rassemblant leurs forces au sein d’une coalition antidictatoriale pour l’envoi de moins de candidates et de candidats aux prochaines élections de 2010, mais en se soignant contre la maladie dite « présidentite ».
La population nationale est appelée à la vigilance contre la tenue d’élections non transparentes, mais pour l’organisation de compétitions électorales libres, honnêtes et démocratiques sur tout le territoire national.
« C’est une indécence et une manipulation inacceptable que le président de la république se sert des ressources publiques pour tenter d’établir une dictature dans le pays », soutiennent les délégués du Mpnkp en se référant aux promesses faites par Préval aux représentants de 570 conseils d’administration de sections communales (Casec), il y a quelques semaines, pour les porter à intégrer un parti unique en formation.
La façon, dont les sénateurs de Lespwa ont voté la motion de censure contre la première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis, est identifiée par le Mpnkp comme un signe très clair d’une volonté de mainmise sur les ressources de l’Etat dans le cadre d’un projet de consolidation d’une dictature.
« Dans le milieu paysan, surtout dans le département de l’Artibonite (Nord), le pouvoir de Préval œuvre seulement avec sa clientèle politique, laquelle utilise les semences et les outils agricoles pour se rattacher des partisans pour la prochaine campagne électorale », dénonce le regroupement paysan.
En dépit d’une légère augmentation dans la production de riz dans l’Artibonite et d’une réalité similaire dans la production d’haricots (pois) dans certaines zones, une majorité de paysans ne bénéficierait pas d’intrants agricoles, ni de tracteurs.
Une grande partie des paysans se trouve davantage mise à l’écart par l’Etat, notamment dans le Nord-Ouest, département géographique où une sécheresse, enregistrée depuis les cyclones de septembre 2008 jusqu’en septembre 2009, a détruit toutes les plantations paysannes.
La sécheresse affecte le bétail dans le Nord-Est. Les paysans ont perdu leurs récoltes dans le Haut-Artibonite, le Haut Plateau central et une partie du Nord comme Limonade. Quant au département géographique du Sud, ce sont les inondations qui frappent l’attention.
La situation environnementale d’Haïti tend à la catastrophe, s’inquiète le Mpnkp.
« Rien n’est fait pour protéger les bassins versants, il n’y a pas de programme de conservation de sols, ni de reboisement ni de crédit. Il n’y a pas non plus d’assistance technique aux paysans. On ne parle plus de réforme agraire. Ce qui a droit de cité, ce sont les plantations sur lesquelles est envisagée la culture de jatropha (plus connue en Haïti sous le nom de gwo metsiyen) pour l’implantation de zones franches », signalent les délégués paysans du Mpnkp, aux yeux de qui le pouvoir en place serait intéressé à « céder aux multinationales de l’agrobusiness des terres arables à forte productivité alimentaire » au lieu d’une politique de développement agricole national. [rc apr 04/11/2009 0 :30]