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Mexique-Privatisation : La compagnie nationale d’électricité « conduite à la faillite de façon délibérée »

Par Edson Louidor

P-au-P., 28 oct. 09 [AlterPresse] --- Des travailleuses et travailleurs de la principale entreprise énergétique du Mexique « Luz y Fuerza del Centro » (Lfc), qui a été liquidée par un décret présidentiel publié le 11 octobre dernier, ont dénoncé de multiples pratiques de corruption, auxquelles se seraient livrés les dirigeants de la Lfc.

Ils ont également révélé que plusieurs entités publiques et privées du pays, dont des industries, des universités, des banques et même des mairies et des ministères, doivent, pour la période allant de 2000 à 2008, plus de 12 milliards de pesos mexicains à l’entreprise (un dollar américain vaut aujourd’hui environ 13.320 pesos mexicains).

« Notre entreprise a été conduite à la faillite de façon délibérée », ont-ils conclu.

L’administration Calderón, accusée de faire silence sur la longue liste de débiteurs de la Lfc

L’actuelle administration de Felipe Calderón a justifié sa décision de privatiser la Lfc, arguant qu’il ne convient pas à l’économie nationale ni à l’intérêt public d’investir 42 milliards de pesos mexicains pour améliorer le fonctionnement de la Lfc.

En outre, cette entreprise étatique a perdu au cours des dernières années plus de 30% de l’énergie commercialisable, a soutenu le chef d’État mexicain.

Cependant, les employés de la Lfc ont dénoncé, avec données à l’appui, le silence de l’actuelle administration mexicaine sur la longue liste des grands consommateurs qui doivent à l’entreprise, de 2000 à 2008, plus de 12 milliards de pesos mexicains. Ces données ont été tirées des informations de l’entreprise, diffusées sur ordre de l’Institut Fédéral de l’Accès à l’Information (IFAI).

Dans cette liste que les employés de la Lfc viennent de rendre publique, figurent des ministères, des institutions du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, ainsi que des mairies et d’autres États qui, chacun, ont contracté envers l’entreprise une dette oscillant entre 5 et 15 millions de pesos.

Des industries et de grandes entreprises, qui avaient des « comptes spéciaux » totalisant une dette de 2 milliards de pesos, sont aussi sur la liste des grands débiteurs de la Lfc.

Des données indiquent que des clients qui ne consomment pas beaucoup d’électricité, connus sous le nom de « comptes ordinaires », doivent un total de 47 millions de pesos à l’institution.

« Ils considéraient notre entreprise comme la petite caisse du gouvernement »

Les employés de la Lfc ont également critiqué le laxisme, voire des pratiques de corruption auxquelles se seraient livrés les dirigeants de l’entreprise.
« Ils (les dirigeants) faisaient très peu ou rien pour exiger le paiement de certaines factures d’électricité », ont-ils dénoncé.

Les électriciens de la Lfc ont fustigé l’attitude des responsables de l’entreprise, accusés d’être en collusion avec « les grands usagers ». Ces dirigeants faisaient des tractations avec gros clients « en vue de tirer leur butin ».

D’autre part, les fonctionnaires « considéraient la Lfc comme la petite caisse du gouvernement », ajoutent les techniciens.

Le Syndicat Mexicain des Electriciens tentera une action en justice contre le décret de liquidation de la Lfc

Le Syndicat Mexicain des Électriciens (Sme) a annoncé qu’il tentera une action en justice contre le décret présidentiel de liquidation qui pourrait envoyer au chômage plus de 40 mille de ses membres.

Le président Calderón avait invité le Sme au dialogue le 15 octobre dernier, le jour même de la manifestation organisée par les électriciens au Zócalo (place publique située au centre-ville de Mexico DF, la capitale mexicaine) pour protester contre la décision gouvernementale.

Vêtus de maillots rouges, symbole du Sme, environ 300 mille personnes, dont des paysans, des syndicalistes, des professeurs, des étudiants, des membres d’organisations sociales, des personnalités politiques, des parlementaires et des intellectuels, avaient défilé dans les rues de la capitale mexicaine.

Le 16 novembre, le syndicat a abandonné la table du dialogue, refusant les termes proposés par le gouvernement mexicain. [wel gp apr28/10/2009 16 :00]