P-au-P, 16 oct. 09 [AlterPresse] --- Une récente étude de la banque interaméricaine de développement (Bid) relève des disparités importantes de salaires relatives au genre et à l’ethnie en Amérique latine.
« Les conclusions de l’étude révèlent l’existence d’une ségrégation majeure et d’importants obstacles à l’accès à certains types d’emplois ou de secteurs », lit-on dans le communiqué de la Bid, transmis à l’agence en ligne AlterPresse et résumant le rapport d’enquête qui ne mentionne pas les Caraibes (y compris Haïti).
Intitulée « Nouveaux siècles, disparités obsolètes : différences de salaires, liées au genre et à l’origine ethnique en Amérique latine », l’étude a été menée dans 18 pays de la région.
Le rapport d’investigation, préparé par Juan Pablo Atal et Nathalie Winder, démontre que les femmes perçoivent un salaire, inférieur de 17% à celui des hommes ayant un même niveau d’instruction et le même âge.
Rien qu’en comparant les salaires moyens, l’écart est de 10%. En réalité, seules les femmes des milieux ruraux reçoivent en moyenne un salaire identique à celui de leurs homologues masculins.
De même, les Noirs, qualifiés de descendants d’africains dans le rapport, et les individus appartenant à d’autres ethnies gagnent 28% moins que les blancs ayant le même âge et le même niveau d’instruction, en Amérique latine. Les données sur les disparités ethniques ont été collectées, en particulier, dans 7 pays (Bolivie, Brésil, Chili, Équateur, Guatémala, Paraguay et Pérou), les seuls à solliciter des informations d’ordre ethnique pendant les enquêtes auprès des ménages.
“Les données d’ordre ethnique, collectées dans ces sept pays, indiquent que les minorités, c’est-à-dire les autochtones et les descendants d’Africains, gagnent en moyenne 28 % de moins que les blancs du même âge, du même genre et ayant le même niveau d’instruction. L’étude considérait comme faisant partie des « minorités » toute personne s’étant déclarée comme autochtone, noir, personne de couleur ou locuteur d’une langue indigène pendant les enquêtes menées auprès des ménages. Bien que constituant la majorité de la population dans certains pays où l’étude a été réalisée, ces groupes sont considérés comme les « minorités »”, suivant l’étude.
Néanmoins, les disparités de genre varient largement d’un pays à l’autre, précise le rapport.
Les écarts entre le Brésil, où les disparités sont de l’ordre de 30%, et la Bolivie, où le taux est en dessous de 1.8%, sont révélateurs.
Les disparités de genre, les plus criantes, se retrouvent principalement chez les jeunes ayant un niveau universitaire. Elles augmentent, cependant, avec l’âge et sont sensibles à l’expérience de travail, laquelle fait souvent défaut aux femmes contraintes de s’occuper de leurs enfants et qui perdent leur emploi dans ce cas-là.
Les disparités de genre et ethniques ne sont pas tout à fait explicables, note le rapport qui refuse de considérer des caractéristiques démographiques et professionnelles comme des critères absolus.
L’étude a comparé les salaires de personnes ayant les mêmes caractéristiques démographiques et professionnelles, comme l’âge, le niveau d‘instruction, le lieu de résidence et le type d’emploi.
Ce choix méthodologique a permis une meilleure évaluation des liens entre les caractéristiques démographiques et les différences salariales, note la Bid.
En réponse aux besoins sociaux identifiés, l’organisme, principal bailleur de fonds de la région, vient d’adopter une nouvelle « politique opérationnelle, qui garantit que les projets soutenus par la Bid contribuent au développement des populations autochtones tout en préservant leur identité et en protégeant leurs droits contre des effets pervers et l’exclusion”.
Dans ce contexte, la politique de la banque régionale, relative à l’articulation entre genre et développement, a également fait l’objet d’une mise à jour récente. [kft rc apr 16/10/2009 0:00].