P-au-P, 06 oct. 09 [AlterPresse] --- L’Exécutif haïtien s’est engagé à doter l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh) d’une allocation extraordinaire de ressources financières en vue de jeter les bases d’une reprise normale des activités au sein de l’enseignement supérieur public dans la capitale, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Le rectorat de l’Ueh fournira, d’ici le jeudi 8 octobre, un cahier de charges y relatif, annonce le comité de facilitation entre les différents acteurs, formé, le 23 septembre 2009 pour un mandat d’un mois, par le président René Garcia Préval.
Dans l’immédiat, seront apportées des réponses concrètes et adaptées, comme une formule de cafétéria proche du modèle de cantine scolaire en application dans les écoles fondamentales publiques.
Environ 60 % des facultés et écoles supérieures, telles la faculté d’ethnologie qui compte reprendre les activités académiques le 7 octobre, se trouvent dans une ambiance de reprise à une date non encore déterminée.
Par rapport aux sanctions à l’encontre de plusieurs étudiants contestataires à la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp, paralysée dans son fonctionnement depuis avril 2009), le comité de facilitation signale avoir noté une “capacité de flexibilité” chez le décanat de la Fmp.
Cela ne signifie pas que le comité de facilitation peut entériner ou porter à revenir sur les sanctions prises, lesquelles relèvent du décanat et des structures compétentes de la Fmp.
“Une réalité d’apaisement, de dégel ainsi qu’une reprise de confiance ont émergé. La désignation du comité de facilitation a bousculé un ensemble d’inerties au sein de l’Ueh. Le conseil de l’Ueh, qui comprend 33 membres, vient d’approuver, le 5 octobre, une résolution en faveur d’un dialogue avec le comité de facilitation”, souligne le journaliste Hérold Jean-François, porte-parole du comité dans sa première rencontre le 6 octobre avec la presse, à laquelle a assisté AlterPresse.
Mais attention, l’ensemble des problèmes ne va pas être solutionné en 30 jours, au cours de la période qui correspond au mandat du comité de facilitation.
Dès le départ, les personnes désignées [1] pour initier le dialogue avec toutes les composantes au sein de l’Ueh ont exigé une garantie d’autonomie (sans aucune interférence de la présidence haïtienne) afin de pouvoir conduire les démarches d’échanges et de concertation.
Depuis leur désignation, ils se sont réunis en 3 fois avec René Préval pour lui exposer l’évolution de leur travail et lui faire part de recommandations et de mesures d’accompagnement à adopter très rapidement pour ramener le calme à l’université d’Etat d’Haïti.
Cette “commission ad hoc”, qui a rencontré le rectorat, le Conseil de l’Ueh, le décanat de la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp) et son conseil des chefs de département, les comités de discipline dans certaines facultés, et eu des rencontres informelles avec d’autres acteurs directs et indirects “ de manière à responsabiliser chacune et chacun”, créera une fenêtre d’opportunités pour des discussions plus approfondies à l’université d’Etat d’Haïti.
Seront alors posés les problèmes fondamentaux urgents : de cafétéria, de laboratoire, de dortoir, de bibliothèque, d’autobus, de campus et de réforme.
Sur la question de campus, le comité de facilitation propose à l’Exécutif de lancer un appel d’offres pour la mise en oeuvre proprement dite, d’ici à 2011, d’un grand espace de regroupement universitaire public au nord de Port-au-Prince.
Parallèlement, dans une perspective de long terme, face au désespoir des jeunes – qui craignent d’être confrontés au chômage au sortir de l’université -, le comité de facilitation suggère de rapprocher l’université d’Etat des familles en mettant en place des structures fonctionnelles d’enseignement supérieur public en province.
Le comité de facilitation lance un appel à une prise de conscience chez la partie des étudiants “ qui ne se sentent pas encore confortables pour entamer le dialogue”, afin d’arriver à un minimum, c’est-à-dire une reprise de la qualité de vie au sein de l’université d’Etat d’Haïti.
Tout en admettant les questionnements, le comité de facilitation pour une reprise harmonieuse des activités académiques à l’Ueh rattache les résultats de sa mission (qu’il précise être une “implication citoyenne bénévole”) à la disponibilité et aux dispositions des acteurs à vouloir un déblocage réel de la situation de crise.
Les membres du comité de facilitation affirment haut et fort qu’ils n’ont pas reçu ni ne recevront aucune rémunération pour la mission qu’ils exécutent pendant un mois “à l’appel de la communauté universitaire”.
Il s’agit, avant tout, de favoriser un dialogue ouvert, y compris avec les étudiantes et étudiants, principaux bénéficiaires directs de l’offre de formation.
“Nous voulons rapprocher les protagonistes et effacer les antagonismes en mettant toutes les énergies en synergie”, avancent les membres du comité de facilitation qui soulignent n’être ni une instance au sein de l’Ueh, ni une structure de décision. [rc apr 06/10/2009 14:00]
[1] La gestionnaire Jocelyne Féthière, l’ingénieur Mathias Pierre, le journaliste et directeur de la station privée Radio Ibo Hérold Jean-François, Dr. Emile Hérald Charles, Me Fritzo Canton, Dr Jean Alouidor (pédiatre) et l’infirmière (également doctorante en sciences humaines) Rose Anne Auguste sont les 7 membres du comité de facilitation.