P-au-P, 1er oct. 09 [AlterPresse] --- L’organisation haïtienne de promotion et de défense des droits des femmes, Solidarite fanm ayisyèn (Sofa), formule une série de recommandations, dont l’amendement de l’article 262 du code pénal qui criminalise l’avortement, dans une lettre adressée à différents ministères et transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Se prononçant à l’occasion de la journée internationale pour la dépénalisation de l’avortement, le 28 septembre dernier, la Sofa se déclare préoccupée par le taux alarmant de décès chez les femmes et les filles haïtiennes ayant recours à l’avortement.
Il n’existe pas de chiffres officiels sur l’avortement, mais ceux qui sont disponibles sur la mortalité maternelle réveèlent que sur chaque 100 000 naissances, il y a 630 décès chez les mères, dont 102 des suites d’un avortement.
Les décès, des suites d’un avortement, seraient dus à une juridiction inadaptée sur la question, laquelle pousse les femmes à recourir à des moyens souterrains pour se débarrasser des grossesses non desires, signale l’organisation féministe.
En plus de l’amendement de l’article 262, la Sofa invite l’État à « mettre tout en œuvre afin de réduire les risques liés à cette pratique chez les jeunes filles/femmes, en particulier celles victimes de violence sexuelle ».
La loi haïtienne doit également être conforme aux conventions internationales signées par l’État, notamment celles contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw, signée en 1979) et la convention Belém Do Para (adoptée en 1994 et ratifiée en 1996).
La Sofa demande également au parlement de donner force de loi au décret du 6 juillet 2006 qui érige le viol en un crime.
Ces recommandations interviennent à la suite d’un rapport de la Sofa sur des cas de violation des droits des femmes (âgées de 4 à 66 ans), enregistrés dans 21 centres d’accueil et d’accompagnement basés dans quatre departments géographiques d’Haïti, de janvier à juin 2009.
45 millions de femmes pratiquent l’avortement chaque année dans le monde et près de la moitié sont des avortements à risque, révèle un rapport de l’organisation mondiale de la santé (Oms).
En Haïti, à côté de la loi, le contexte socio-culturel contribue à culpabiliser les femmes qui décident de ne pas laisser leurs grossesses suivre leur cours.
Le premier recours des femmes, dans ces cas-là, demeure la médecine traditionnelle, moins efficace mais plus discrète. Cependant, les femmes ne sont pas à l’abri des « charlatans » qui, eux, utilisent des méthodes à risque, comme l’utilisation de cintre pour mener l’opération.
Néanmoins, l’avortement, même quand il est réalisé dans des conditions sanitaires adéquates, peut laisser des séquelles post traumatiques regroupées sous le nom de syndrome post-abortif ou syndrome post avortement (Spa).
Il s’agit, entre autres, de la peur, la culpabilité, la dépression ou la perte de l’estime de soi.
En 1999, les organisations féministes en Haïti ont initié des pourparlers avec la 46e législature pour une dépénalisation de l’avortement, mais la dissolution du parlement avait fait échouer la tentative. [kft rc apr 1er/10/2009 0:00]