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Un projet de zone franche dans une plaine cultivable proche de la frontière avec la République Dominicaine ?

P-au-P., 19 mars.02 [AlterPresse] --- Les paysans et les secteurs associatifs de Ouanaminthe, au Nord-Est d’Haïti, tirent la sonnette d’alarme à propos de l’éventuel établissement d’une zone franche dans la région, qui représente un grenier pour le département.

Selon des responsables d’organisation paysannes rencontrés sur le terrain, une opération d’arpentage est en cours depuis début février dernier dans la plaine de Marie Bahoux, qui représente 80% des terres irrigables du Nord-Est. Il s’agit, selon eux, de délimiter un espace de 50 a 80 hectares de terres qui seraient réservés à une zone franche d’assemblage textile.

Le grand motif d’inquiétude des cultivateurs est que les terres très fertiles de la grande plaine de Marie Bahoux soient rendues indisponibles et inutilisables et qu’ils soient chassés de leurs habitations. Ils déclarent que
le périmètre visé est celui des meilleures terres de la région et représente aussi une réserve forestière.

Des travaux d’infrastructure, notamment de bétonnage devraient être entrepris afin d’accueillir des usines. Des hélicoptères venant de Port-au-Prince sillonnent régulièrement la zone et les lopins occupés par les paysans ont déjà subi d’importants dommages durant l’arpentage, se plaint Dorsainville Alpha du Mouvement Paysan pour le Développement de la Commune de Ouanaminthe.

Entre-temps, des responsables communautaires indiquent avoir appris par des circuits dominicains que le projet concernerait, outre Ouanaminthe, la ville de Santiago de los Caballeros au Nord de la République Dominicaine. Il serait donc question d’établir deux zones jumelées.

Dorsainville Alpha déclare que les manœuvres ont débuté à la suite de la récente visite du président Aristide en République Dominicaine. Alors que, se plaint-il, aucune explication n’a été fournie par les autorités. " Maire, député et sénateur restent bouche bée", dit-il, et personne ne veut fournir des détails à propos de ce projet de zone franche.

200 paysans s’étaient réunis le 16 février sur le dossier, a-t-on appris. Invités à cette rencontre, des responsables locaux de la Direction Générale des Impôts n’avaient pu fournir des explications satisfaisantes sur les raisons de l’arpentage. [gp apr 19/03/02 05:30]