Par Wooldy Edson Louidor
P-au-P, 23 sept. 2009 [AlterPresse] --- Des organisations de défense des droits des migrants et des réfugiés en Équateur sont préoccupées de l’accroissement de la migration haïtienne dans ce pays sud-américain au cours de cette année, selon les informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse.
La plupart de ces migrants haïtiens utiliseraient, selon la police colombienne, l’Équateur et la Colombie comme pays de transit pour tenter de se rendre de manière irrégulière au Venezuela ou aux États-Unis d’Amérique, avec la complicité des « coyotes » (nom donné aux trafiquants de migrants).
Dans cette aventure, certains sont appréhendés par les autorités colombiennes à la frontière avec l’Équateur ou avec le Venezuela, tandis que d’autres sont obligés de rester en Equateur avec l’unique alternative d’obtenir un statut de réfugiés en vue de régulariser leur situation migratoire.
Accroissement de la migration haïtienne
« Durant cette année, on a noté une certaine augmentation du nombre de migrants haïtiens en Équateur », a confié dans une interview à l’agence en ligne AlterPresse Pablo Araújo Landeta, responsable de plaidoyer au bureau du Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (Sjrm) basé à Quito.
Les Haïtiens, aussi bien que les Cubains, profitent de la politique de « portes ouvertes » adoptée par l’État équatorien pour arriver en masse en Equateur, a expliqué Araújo.
Par exemple, l’administration de Rafael Correa a éliminé l’exigence de visas (touristes) pour tout citoyen étranger voulant visiter le pays pour moins de trois mois, a-t-il illustré à titre d’exemple.
Mais une fois écoulés les trois mois, le visiteur étranger doit laisser le pays ou régulariser sa situation migratoire.
Au lieu de retourner chez eux, la plupart des Haïtiens préfèrent se convertir en « sans papiers » en Équateur.
L’État équatorien statue sur le cas de demandeurs d’asile haïtiens
Actuellement, l’État équatorien est en train de statuer sur les dossiers de quelques demandeurs d’asile haïtiens qui sont accompagnés par le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés, nous a fait savoir Araújo, qui n’était pas en mesure de communiquer le nombre d’Haïtiens sollicitant le statut de réfugiés.
Cependant, les autorités de ce pays tardent encore à prendre une décision, faute d’informations sur la situation actuelle d’Haïti et sur les raisons qui pourraient justifier l’octroi du statut de réfugiés à ces Haïtiens, a-t-il estimé.
En ce sens, le Sjrm compte recueillir plus de données sur Haïti et sur la communauté haïtienne dans le pays afin de les porter à la connaissance des autorités et de la société équatoriennes.
L’organisation jésuite est déjà en contact avec un groupe d’Haïtiens vivant au Nord de Quito, la capitale équatorienne, a informé Araújo.
Par ailleurs, le militant des droits humains se lamente des mauvaises conditions de vie des demandeurs d’asile haïtiens. Les difficultés de communication seraient le principal obstacle à l’intégration de ces Haïtiens dans la société équatorienne qui les a bien accueillis jusqu’ici, a estimé le membre du Sjrm.
À rappeler que, en juin dernier, la police colombienne a appréhendé dans le département de Santander (près de la frontière avec le Venezuela) 6 Haïtiens qui voyageaient de manière irrégulière (sans visa colombien) dans un bus interurbain.
Les autorités colombiennes ont confirmé que les sans papiers provenaient de l’Équateur et tentaient de passer par le Venezuela pour se rendre aux États-Unis d’Amérique.
Au cours de ce mois de septembre, la police colombienne a informé avoir détenu dans le département de Cauca (dans le Sud-ouest du pays, près de la frontière avec l’Équateur) 180 citoyens étrangers, dont des péruviens, des haïtiens, des japonais, des chinois, des polonais, qui voulaient rentrer sans papiers aux Etats-Unis ou au Canada. Ces étrangers provenaient de l’Équateur, selon les autorités colombiennes. [wel mm apr 23/09/2009 16 :15]